mercredi 10 décembre 2008

Je sais bien que vous mourrez littéralement de savoir ce qui m'est arrivé ces derniers mois à l'ANPE. C'est normal, j'entretiens un certain suspense, pour mieux retenir mon unique lecteur quotidien. Grâce lui soit rendue.
En réalité je n'ai pas beaucoup le temps d'écrire parce que je vois une psychologue en même temps. Non je n'ai pas essayé d'estourbir une vieille avec un chandelier dans la bibliothèque (quoique je ne vois pas ce qu'il y aurait de mal, mettre un chandelier dans une bibliothèque, c'est tenter le diable), c'est juste un nouveau programme de l'ANPE et croyez-moi, j'ai hâte de vous raconter tout ça. Mais après Noël.
Joyeuses fêtes ami chômeur ! (et oui joyeuses fêtes aussi ami non chômeur mais qui a de plus en plus peur d'en devenir un)

samedi 15 novembre 2008

Les offres ANPE : panorama rapide d’un envoutant écosystème

Quand vous êtes chômeur depuis plus de 6 mois, vous commencez à vous dire que votre belle résolution de faire le point sur vous-même pendant 2-3 mois avant de recommencer à travailler commence à devenir aussi amusante que l’idée de voir Margaret Thatcher manger un kebab sauce blanche. Quoique, en fait je voudrais bien voir ça. Bon ben mettons que d’assister à un concert de Carla Bruni.

Commence à germer l’idée que « mais hostie de calice de saint sacrament, on dirait bien que je ne trouve pas de travail aussi vite que je le mériterai ! ». Certes, vous avez découvert des choses amusantes en 6 mois : déjà que votre travail n’existe pas à proprement parler (rapport au code Rome qui n’est pas très précis) et aussi qu’il existe des offres qui à mon avis sont créées par l’ANPE afin de faire rire la populace, un peu comme les jeux du cirque sauf que là c’est vous qui vous faites bouffer par les lions.

Vous avez découvert le vaste panorama des offres d’emploi : de celles qui ne correspondent pas à votre poste à celles qui ne veulent rien dire, celles qui visent haut et celles qui visent bas, à peu près au niveau de vos parties génitales histoire de vous situer le truc.

Déjà, sachez que si vous postulez à une offre de l’ANPE (j’en ris encore) c’est à vous de vous tenir au courant du processus. Petite précision, ce n’est pas parce que vous postulez que c’est transmis, c’est un peu comme les antibiotiques, c’est pas automatique. Un conseiller a été spécialement formé par le FBI afin de faire un tri alambiqué dans les lettres de candidatures. Après une longue étude, il juge de ceux qu’il peut transmettre à l’employeur et élimine les recalés d’un coup en biais sur les vertèbres cervicales. Si le temps passe et que vous commencez à vous intéresser à votre candidature (mais c’est bien connu en tant que chômeur on n’est pas pressés de retrouver du travail) il vous faut alors appeler votre agence en prenant avec vous le numéro justificatif de l’offre parce que sinon ils ne peuvent pas le retrouver ou alors seulement en soupirant et c’est toujours gênant de les embêter.

Si vous avez le numéro d’offre, on vous passe alors la personne en charge du dossier. Ou une autre. Parce que de toute façon il s’agit juste de vous annoncer avec un ton très assuré que c’est soit « en attente » soit que « l’offre n’existe plus ». Vous, petit malin, vous vous doutez que si l’offre n’existe plus c’est que soit quelqu’un a été engagé soit que l’employeur a retiré l’offre. Faites alors ce test amusant : posez la question au conseiller ANPE. Sauf nouvelle recrue vous obtiendrez la réponse suivante : il n’en sait strictement rien, rapport au fait que « ce n’est pas marqué dans l’ordinateur parce que l’offre n’existe plus ». Ben oui, c’est ballot.

Pourtant, certaines offres méritent un suivi particulier. Il y a par exemple celles qui sont largement en dessous de vos compétences (ou du moins le pensez-vous) comme réceptionniste ou vendeuse de chaussures pendant l’été histoire de remplacer les Birkenstock des touristes allemands par des Havaianas qui sont vachement plus fun pour les pieds rapport au fait que c’est brésilien. Vous pensez pouvoir réussir à gérer ces lourdes tâches ? HAHA mais jeune freluquet, avez-vous seulement les bons diplômes ?? Car oui, pour vendre des chaussures, il faut un BTS vente EXIGE et 3 à 4 ans d’expérience minimum. Sûrement pour bien maîtriser la déclinaison des produits en différentes tailles (« attention 36 est plus petit que 42, Monsieur, attendez laissez-moi faire je suis une professionnelle, vous faites quoi comme pointure ? 43 ? Je vous propose donc une paire taille 43, dites moi si ça va »). Et si vous n’avez pas les diplômes et expérience exigés, même pas la peine d’espérer, votre lettre est jetée.

Détail amusant j’ai vu passer plusieurs offres de vendeuse en chaussures avec jusqu’à 10 ans d’expérience exigés. A mon avis il fallait aussi savoir ranger les boîtes et maîtriser le chausse-pied mais là ils abusent ça pousse la qualification trop loin.

Sinon, rassurez-vous, la situation n’est pas complètement désespérée. Il y a en effet les offres qui vous sont personnellement adressées par votre conseiller chéri : celles qui correspondent à votre code Rome et sont dans votre secteur de résidence. Alors oui, on le sait, votre code Rome est bien vaste mais votre conseiller est là pour veiller au grain. Ainsi, après un Master de Projets Culturels et de l’expérience dans un musée, j’ai reçu l’ordre de postuler à un travail dans le secteur de « l’économie agricole » avec la spécialité « agriculture de moyenne montagne ». C’est ma faute, j’ai bossé dans la culture mais je n’avais pas précisé que ça excluait le blé et le maïs, bien fait pour moi.

Il y a aussi les offres mystère. Ce sont mes préférées, elles me rappellent les bonbons super acides qu’il fallait garder dans la bouche jusqu’au bout alors que, soyons honnêtes, ça n’en valait pas la peine. Par exemple : « Chargé(e) de communication » dans le secteur « Brasserie/Bar ». Personnellement j’ai été très intriguée par cette offre, au point que j’ai décidé d’appeler l’ANPE afin d’en savoir plus. Après information, il s’est avéré que c’était un poste de chargé de communication pour une brasserie. Oui, ils sont comme ça à l’ANPE, ils savent vous lire une offre. Pas de chichis, hop, tout est dans l’ordi. Si vous insistez en disant « mais quand même, pour communiquer quoi, pour une brasserie ? » vous aurez la réponse classique « ben pour communiquer, quoi. ». Oui, ils sont mignons. Si vous demandez le nom du responsable, ou simplement de l’agence, refus automatique : ils n’ont pas le droit de vous le transmettre. Sans doute pour éviter le harcèlement du responsable par les hordes de demandeurs d’emploi crasseux ou alors pour éviter la concurrence à leur agence, je ne sais pas. Moi, amusée par le truc, j’ai postulé. Après quelques semaines je suis passée pour demander des infos sur ma candidature. J’ai alors eu la joie d’entendre « ah cette offre ? Non mais c’était n’importe quoi, c’était pour faire serveuse ».

Voilà. Notez qu’apparemment je n’ai pas non plus été choisie comme serveuse, il fallait sûrement une licence en « prenage de commandes » option « nettoyage de verres » et malheureusement j’ai arrêté mes études trop tôt.

lundi 3 novembre 2008

2ème rdv : l'ANPE contre-attaque

J’avais fait mon 1er rdv, j’avais rencontré ma conseillère, j’allais découvrir le suivi mensuel. Qu’est-ce que le suivi mensuel pour ceux qui n’ont pas la chance d’y avoir droit (heureusement ils sont de moins en moins nombreux) ? Analysons ensemble les termes : « suivi mensuel ». 2 mots, 5 syllabes. 4 syllabes si vous mâchez un peu le tout.

« Suivi » est un terme qui peut avoir plusieurs définitions. Notons déjà qu’il vient du verbe « Suivre », verbe transitif du 3ème groupe donc à classer dans la catégorie « oh mon dieu comment ça va se conjuguer ça encore ? ». Suivi peut être un adjectif, un nom masculin et un participe passé. Pour le coup c’est le nom masculin qui nous intéresse. « Suivi » signifie : « surveillance permanente d’une personne, d’une chose ou d’un projet sur une période prolongée ».

« Mensuel » est un adjectif qualificatif (ça peut aussi être un nom comme dans « Tu sais, au fond, Truite mag est un excellent mensuel ») qui signifie : « qui a lieu tous les mois ».

« Suivi mensuel » peut donc se traduire par « surveillance permanente d’un chômeur sur une période prolongée vu qu’il ne va pas trouver du boulot facilement, sauf qu’on le verra une fois par mois seulement ». Si comme moi vous tiquez sur la dichotomie flagrante entre permanente et une fois par mois, faites comme moi, n’y pensez pas trop, ça sert à rien de réfléchir à ce genre de trucs, ni même de réfléchir du tout, c’est pas comme ça qu’on trouve du travail.

Le suivi mensuel est donc le moyen qu’ont trouvé l’ANPE et votre conseiller pour vous revoir tous les mois, à ce niveau là, moi j’dis, c’est que vous avez un ticket avec, ils arrêtent pas de vous relancer.

Si j’en crois l’ANPE « Votre conseiller référent fait le point avec vous sur l’avancée de vos démarches de recherche d’emploi. Il vous apporte appui et conseils pour accélérer votre retour à l’emploi et construit avec vous le plan d’actions qu’il vous appartient de réaliser (contacts entreprises, participation à des ateliers, évaluation de vos compétences ...). Votre conseiller référent est votre interlocuteur pendant tout le suivi de votre recherche d’emploi. Avec lui, vous analysez les résultats de vos démarches et définissez les actions à conduire. A la fin de chaque entretien, il vous informe sur les modalités du prochain contact. »

Moi à ce niveau-là je voyais déjà ma conseillère teinte en blonde et sautillant devant un micro en couinant « Je serai làààà, Toujours pour toiiiiii ! N'importe où quand tu voudraaas ! Je serai, toujours la mêêême, un peu bohèèèème, Prête à faire des folies, Je serai, même si la vie, nous sépare, Celle qui te redonnera l'espoir, On ne laissera rien au hasard, Car tu sais que je resterai
ta meilleure amie !!!! ».

Les paroles sont de Lorie, ou alors de quelqu’un d’autre qui n’a pas eu le courage de signer cette œuvre qui permet pourtant aux petites filles de 8 ans de découvrir la poésie, l’amitié, le goût pour le rose et le sautillement anarchique pour notre plus grand bonheur.

Moi, comme je vous l’ai déjà raconté, ma conseillère m’avait déjà vachement aidée niveau appuis et conseils alors autant vous dire que j’attendais avec impatience le 2ème rendez-vous.

Pour l’occasion j’avais pris avec moi mon CV et toutes mes lettres de motivation que j’avais envoyée depuis le mois d’avant.

Le jour J, j’entrai dans son bureau sans porte (c’est comme un open space mais c’est nettement plus convivial et professionnel tout en gardant le côté « que chacun puisse écouter ce qui passe ici et le récit de cette chômeuse afin de mieux la lyncher en place publique par la suite »). Ma conseillère n’était pas teinte en blonde et elle n’avait pas franchement l’air de vouloir être ma meilleure amie. Déjà parce qu’une amie aurait su qui j’étais, pour commencer. Là j’ai eu :

« - On a rendez-vous ?

- Ben oui, j’ai reçu une convocation.

- Ah. Faites voir, que je vois qui vous êtes avec votre numéro.

Tapage sur le sacro-saint ordinateur pendant que je reste debout.

- Ah oui, je vois, bon ben vous êtes autonome, vous, non ? Bon, on se voit le mois prochain alors. Enfin, non, le mois prochain c’est Juillet, on est fermés. Août alors.

- Il se peut que je parte quelques jours…

- Bon ben Septembre alors ! De toute façon on vous convoquera ! »

Fin du 2ème rendez-vous. En accueil j’ai mis 2/10, en chaleur/ambiance 7/10 parce que je n’ai vraiment pas eu le temps de m’ennuyer même si elle avait un peu mobilisé la parole et en déco j’ai mis 3/10 parce qu’aucun effort n’avait été fait, à peine un pot de crayons posé sur le coin du bureau, et même pas de personnage rigolo dessus ou une phrase genre « Vivement la quille !!! ».

Bilan général : vous l’avez compris, en juillet, on ne cherche pas de travail, c’est les vacances. Niveau suivi, appuis et conseils ben on ne peut pas dire qu’elle était mauvaise, hein, vu qu’elle ne l’avait pas évoqué. Niveau suivi personnalisé, je pense qu’on peut difficilement faire pire (quoique ne les sous estimons pas) et niveau suivi mensuel, ben… on va dire « peut mieux faire ». En tous cas y’avait de quoi rester motivée…

Et merde, je vais avoir « Ma meilleure amie » en tête toute la journée…

jeudi 30 octobre 2008

Rions un peu avec les ASSEDIC, acte II

Intérieur jour, un chômeur dans son salon avec ordinateur et internet.
Voix off :

« Vous êtes au chômage ? Vous avez internet ? Vous vous ennuyez en fin de mois parce que bon, à part compter le nombre de nouilles dans un sachet et vérifier que les pipe rigate ont toutes la même taille, vos journées ne sont pas des plus remplies ? A vous la joie de l’actualisation mensuelle !!!
Grâce aux ASSEDIC, vous pourrez découvrir les plaisirs simples et faciles de la déclaration de situation mensuelle !
Chaque mois, les ASSEDIC organisent le grand jeu de l’actualisation qui permet à des milliers de chômeurs de connaître la joie de recevoir quelques euros !!
Le mois dernier, Chantal M. a gagné 675€ !!! Tentez-votre chance !!!! »

Le chômeur : « - C’est la chance de ma vie !!!! Liliane !!! Prépare les valises ! »
Rideau.

Eh oui, une fois inscrit en tant que demandeur d’emploi, vous allez connaître la joie de ce rendez-vous mensuel à NE SURTOUT PAS OUBLIER, déjà parce que c’est une sacrée partie d’fun et aussi parce que sinon, vous ne percevez plus aucune allocation, ce qui pourrait avoir quelques conséquences sur votre consommation de barbes à papa. Entre autres, oui, je sais, mais chacun ses priorités.

L’actualisation mensuelle, qu’est-ce ? Afin de répondre à cette épineuse question, ouvrons de ce pas notre manuel « L’actualisation mensuelle pour les nuls » page n° 43.

Que lisons-nous ?

« Actualisation mensuelle :

Les personnes au chômage inscrites à l’ASSEDIC et à l’ANPE bénéficient d’aides financières et d’un accompagnement dans leurs démarches de reclassement. Afin de s’assurer que les chômeurs cherchent activement un emploi, ils sont régulièrement convoqués à des entretiens et doivent effectuer des déclarations mensuelles. En cas de non réponse à une demande, ou d’absence à un entretien, le versement des allocations peut être suspendu et la personne rayée de la liste des demandeurs d’emploi. »

C’est assez succinct, je l’avoue. En même temps, avouons-le, le livre « L’actualisation mensuelle pour les nuls » n’existe pas, c’est regrettable, il faudrait en parler à un éditeur en quête d’argent facile. Un éditeur lambda, quoi.

Je vais donc vous raconter ça moi-même, vu que c’est un peu le propos du blog (rappel du premier message : « Un blog c'est en général pour raconter des choses sur sa vie, des choses bien hein, en général, pour montrer au monde comme on est trop drôle, qu'on a trop d'amis et que notre vie est follement passionnante au point que le monde entier nous jalouse. ») Hop, 1ère citation de mes écrits, à moi la gloire, l’argent, l’alcool, les nuits blanches en discothèque etc.

Lors de ma rencontre avec la charmante dame des ASSEDIC dont le logiciel ne marche pas, j’ai été avertie de cette amusante petite tradition. Chaque fin de mois, il est de votre devoir de déclarer aux ASSEDIC que vous êtes bien chômeur. Afin de prouver votre motivation à vous sortir de ce mauvais pas que vous n’osez pas avouer à vos meilleurs amis sinon à mots couverts comme « j’ai décidé de reclasser mes priorités dans la vie et là je me concentre sur ma famille ». Situation un peu rébarbative et peut-être un peu humiliante à la longue, la déclaration prend vite un sens nouveau et folâtre, pour ne pas dire bidonnant (mon dictionnaire des synonymes me propose également « cornecul », ce qui me laisse songeuse) après quelques essais.

Mais ne vous laissez pas endormir par ces belles paroles, car un piège se cache derrière l’actualisation mensuelle ! Un piège vicieux qui n’a qu’une seule explication possible : la sélection ultime de la crème des chômeurs. Comme dans Indiana Jones, seuls les pénitents pourront passer, sauf que là c’est « seuls les admirateurs de Jean-Claude Van Damme pourront passer » (à noter qu’il est de bon temps de devenir pénitent si on est admirateur de JCVD, même si depuis quelques temps « non mais en fait il est vachement bien, tu sais, il a vachement de recul sur son personnage ! »). Car il vous faut être AWARE, mes amis.

Sous ses dehors bonhommes, le questionnaire proposé recèle un test d’awareness majeur.

Reconstituons ensemble le processus : après avoir rempli votre code postal, votre numéro Assedic, votre mot de passe, il vous faut remplir un questionnaire proposant deux réponses : OUI et NON.

Cela se présente ainsi :

« Du 01/10/2008 au 31/10/2008
Avez-vous travaillé : oui/non
Avez-vous été en stage : oui/non
Avez-vous été en arrêt maladie : oui/non
Avez-vous été en congé maternité : oui/non
Avez-vous perçu une nouvelle pension retraite : oui/non
Avez-vous perçu une nouvelle pension d’invalidité : oui/non
Etes-vous toujours à la recherche d’un emploi : oui/non »

Faites le test vous-mêmes, après avoir coché non sur les 6 premières questions, seul un éclair de conscience vous retient de cocher non à la dernière proposition. Or, si vous le faites, hop, c’en est fini de vous et de vos beaux espoirs d’allocations.

Eh oui, on peut compter sur les ASSEDIC pour l’entretien de nos réflexes intellectuels, à mon avis la méthode d’entrainement cérébral du Docteur Kawashima peut aller se rhabiller.
Merci les ASSEDIC.

mercredi 29 octobre 2008

Premier rdv : toute première fois, toute toute première fois

Suite aux pressions régulières de mon fidèle lectorat (soit 2 ou 3 personnes), je reprends la rédaction de mon récit « vivre avec l’ANPE » car il faut vivre avec, c’est bien connu « Ensemble, tout devient possible » (même le pire).

Toute heureuse après mon premier rdv prise de contact, j’attendais avec impatience le second qui me permettrait de rencontrer MON conseiller. Mon conseiller à moi. Un conseiller juste pour moi, entièrement dédié à ma cause. Un peu comme mon bisounours tutélaire, quoi. J’en frétillais d’avance.

Ceci-dit un premier rdv, ça se mérite. Il faut attendre. Trois mois. Car le suivi mensuel, c’est pour après (et dieu sait que c’est régulier, mais n’anticipons pas). Trois mois, pourquoi ?

Plusieurs raisons s’offrent à nous :

1) parce que l’attente fait grandir le désir et qu’une relation comme ça, ça s’entretient.

2) parce que le conseiller doit chercher, trouver et se préparer à vous annoncer votre code ROME

3) parce qu’ils auraient préféré 6 mois mais ça le faisait pas trop, rapport au fait qu’ils sont censés nous encadrer

4) parce qu’avec un peu de chance vous allez trouver un boulot par vous-même entre temps

5) parce que 3 c’est la trinité, et dieu sait qu’on a besoin de l’intervention du saint esprit dans notre recherche

Après réflexion, je pense que les différentes propositions peuvent s’additionner.

Mon premier rdv se fixait donc début Avril. Malheureusement, il se trouva que je ne fus point là en ce début de printemps (matez un peu l’usage du passé simple), rapport au fait que je rentrais chez mes parents pour quelques jours. Car oui, sous mes dehors bravaches se cache une petite fille en manque d’affection de ses parents. Et puis je m’ennuyais aussi, faut dire, alors que là-bas j’ai pu apprendre à faire de la vannerie et même que c’est vachement bien, et je passerai sur les remarques acerbes que cela m’a valu. Car je ne suis pas une manouche. Du moins pas encore. Même si je regarde régulièrement les ventes de caravanes.

Peu de temps avant de partir, j’ai donc averti l’ANPE de mon départ imminent. Car il faut les avertir. Les conseillers ANPE sont des petites choses fragiles et un rdv manqué peut les amener au bord de la folie, voire à vous radier sous le coup de la colère qui les envahit (et c’est bien compréhensible, moi-même je radie mes amis qui me faussent compagnie sous de fallacieux prétextes).


En réalité, tout chômeur que vous êtes, vous êtes tenus de rester à votre domicile. Car pour trouver un travail, c’est bien connu, il faut rester chez soi. 35 jours d’absence par an sont tolérés, pas un de plus, parce qu’après ça veut dire que vous vous la coulez douce avec vos indemnités mirifiques, sale profiteur de la société que vous êtes. Même si vos allocations ne sont pas si élevées que ça et que la société s’est juste contentée de vous balancer après vos 7 CDD payés au SMIC. Toute absence de plus de 7 jours doit être signalée à votre agence ANPE.

Soucieuse de ne pas entacher notre belle relation, j’ai donc averti mon agence via un conseiller lambda qui après un long regard désapprobateur se contenta de griffonner ça sur un de ses papiers en me disant « d’accord, vous recevrez une convocation pour après votre retour ».

Mon départ vers le Poitou (POITOU LIBRE !!!) me tenait éloignée de chez moi pour environ 10 jours, ce qui situait mon retour vers le 11 ou 12 avril (je ne sais plus, cela fait si longtemps, je suis troublée).

En conséquence, cela déplaçait mon rdv de quelques jours. Mais à l’ANPE on n’est pas comme ça, si on doit se voir début avril et qu’il s’avère qu’on ne peut pas, eh bien tant pis, soyons fous, on décale au mois d’après. Ce sont des fous, à l’ANPE, c’est comme ça. Ils ont des plannings hyper remplis (alors que non non, ne nous y trompons pas, le nombre d’inscrits diminue, on est en pleine croissance, machin, tout ça) (enfin à l’époque, avant que le président ne se prenne pour Hugo Chavez, c’était le discours officiel). Ils ont des plannings hyper remplis, donc, et ils ne peuvent pas vous insérer dans leurs journées de folie aussi facilement (rappel de l’horaire de fermeture des bureaux : 16h30 sauf le mardi où ils finissent plus tôt, c’est normal c’est le milieu de semaine, faut bien récupérer).

Mais passons sur tout cela et venons-en au rdv en lui-même. D’après mon agenda, on était vers le 14 Mai (oui, je ne suis pas trop sûre parce que depuis que je suis au chômage je remplis mon agenda en arrière du genre « bon alors qu’est-ce que j’ai fait cette semaine là ? », ça m’occupe et quand je le feuillette j’ai quand même l’impression d’avoir fait des choses, même si en général j’ai marqué « courses » « médiathèque » « soirée hamburgers »)(c’est pathétique je sais) (et je sais aussi que ces phrases à rallonges et toutes ces parenthèses nous éloignent de notre propos).


Pour ce premier rdv, j’avais pris avec moi mon plus beau sourire et les photocopies de mon cv et des lettres de motivation que j’avais envoyées ces derniers mois. Car, oui, j’avais cherché du travail, mais sans succès, merci de demander. J’avais rdv avec une conseillère dont je tairai le nom bien que je m’en souvienne, ce qui est assez rare pour être souligné.

A l’heure dite, voire avec un peu d’avance (fayote un jour, fayote toujours), j’arrivai à l’agence, je rassurai la préposée à l’accueil sur la raison de ma présence (ça a eu l’air de la soulager, de savoir que j’avais un rdv) et je rencontrai ma conseillère.

Un peu âgée, ce qui me rassurait quand à son expérience, elle ne semblait pas dégager ce côté chaleureux des femmes-qui auraient-pu-être-ma-mère-si-elles-ne-faisaient-pas-si-jeunes-n’est-ce pas-ahahah. Elle était plutôt working girl, genre je vais te remettre tout ça au boulot tu vas voir. Peu importe, me dis-je, j’aime bien les gens un peu dynamiques. Et dynamique elle l’était. Après m’avoir annoncé mon code ROME, elle convint sous ma légère pression qu’une réadaptation s’imposait et rentra sans sourciller le code que je lui suggérais (code 23211 Conseiller en développement local, dont vous conviendrez que l’intitulé claque, eh ouais, je conseille les développements locaux, mais si tu rajoutes 50€ je peux te conseiller nationalement aussi, cherche pas, tope là).

Après avoir pris connaissance de mon CV et avoir regardé le dossier où j'avais consigné mes recherches (je dis regarder, pas consulter, voyez la nuance), elle me situa d’un coup la situation en m’annonçant « Bon, ok, on se voit le mois prochain ».

Je vous avais dit qu’elle était dynamique. Si elle n’avait rien à me dire ben elle ne s’embêtait pas, elle me virait. Et hop.

Ah oui j’oubliais : en voyant mon CV et mes deux ans de boulot dans le musée régional, elle me demanda avec candeur : « et avec le musée, vous avez essayé ? », ce qui est assez charmant pour être souligné.

jeudi 23 octobre 2008

Rions un peu avec les ASSEDIC

Certes, ça ne m'est pas arrivé personnellement. Mais ça mérite d'être publié.

Si vous voulez aller aux ASSEDIC sans avoir été convoqué (je sais c'est une drôle d'idée mais que voulez-vous...), c'est possible. Entrez dans l'agence, et trouvez un conseiller (oui ils n'ont pas le budget accueil de l'ANPE, c'est regrettable mais c'est ainsi). Expliquez lui que vous souhaitez le rencontrer pour obtenir quelques renseignements. Regardez-le vous désigner un téléphone et écoutez-le bien vous répondre qu'il ne peut pas vous parler comme ça, qu'il faut prendre un rendez-vous par ce même téléphone rutilant qu'il vous désigne de son doigt fébrile. Allez vers ce téléphone, composez le numéro des ASSEDIC (le 3949, O,11€ l'appel) et si vous avez de la chance, voyez ce même conseiller vous répondre en direct de son box pour prendre ce rendez-vous avec vous.

Oui, aux ASSEDIC, on n'a peut-être pas de budget accueil mais on a un budget téléphone. A chacun son truc.

le code ROME c'est mon fils ma bataille, c'est le fruit de mes entrailles

Vous avez attendu sagement la suite, c’est bien, vous aurez une image. Et j’ai bien reçu vos messages comme quoi c’était trop long. Je ne suis pas vexée, non. Peut-être un peu contrariée que la grande qualité de mes écrits ne vous ait pas fait oublier la longueur du texte (qui est pourtant la marque d’un talent certain, relisez Dumas, vous verrez si c’est court). Mais rien de grave.

Bref, je vais donc raccourcir tout ça pour des raisons marketing mais vous y perdrez en ressenti. C’est un choix, j’espère que vous l’assumerez. De toute façon je vous préviens tout de suite, j’écrirai ce que je voudrai et en quantité voulue, ceux qui en ont marre n’auront qu’à s’arrêter, les sales losers.

Ca, c’est fait.

Passons aux choses sérieuses, l’inscription à l’ANPE. Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut savoir qu’il est techniquement impossible de rentrer dans une agence sans être reçu de façon officielle par un agent. Oui, un peu comme dans les fêtes du XIXème, il faut être introduit. Pour cela, munissez-vous de votre papier justificatif (mais est-il vraiment besoin de le préciser ?).

Dès votre arrivée donc, un agent vous saute au cou pour vous accueillir. Personnellement, je n’ai jamais réussi à rentrer dans une agence sans être repérée. Ils doivent avoir une formation au Mossad ou un truc du genre parce qu’ils ont l’œil, même s’ils sont en rdv vous aurez droit à « quelqu’un va venir vous voir ! ». Ils doivent avoir des indics.

Le rôle de l’agent est clair : ne pas vous laisser seul. Vous pourriez faire quelque chose de grave comme casser les ordinateurs, jeter une chaise ou pire, consulter une brochure. Cet agent utilise alors des techniques avancées pour déterminer la raison de votre présence. Ses formules d’accueil oscillent entre « Vous avez rendez-vous ? » et « Je peux vous aider ? ». Vous l’aurez compris, l’ANPE mise gros sur l’accueil. C’est dommage, moi perso j’aurais misé sur la qualité du service mais eux, non c’est l’accueil.

Car on ne doit pas s’ennuyer à l’ANPE. Jamais. Une lettre de reproche sur le manque d’accueil et ils s’engagent à entamer une psychothérapie pour y remédier. Laisser quelqu’un seul, sans accueil pendant 5 minutes, est passible d’un blâme pour l’agent. Plutôt mourir qu’être pris en défaut là-dessus. C’est amusant parce que moi, de toutes les choses que j’ai ressenties à l’ANPE, ça n’a jamais été l’ennui le plus marquant…

Vous voilà donc reçu par quelqu’un qui ne peut que vous accueillir et vous montrer où sont les ordinateurs. Cette personne ne fait que ça. Elle n’a sans doute même pas le droit de s’approcher de la photocopieuse, à chacun sa tâche et les cochons seront bien gardés. Une fois rassurée quand elle comprend que vous avez un rdv avec un conseiller, cette personne guette de possibles nouveaux arrivants.

Vient alors la rencontre avec votre conseiller. Il faut savoir qu’avant de vous rencontrer, vous recevez un courrier où vous pouvez compléter une notice servant de base à votre futur CV. Cette notice est un papier justificatif, il ne faut donc pas la lâcher d’une seconde.

Moi, fayote que j’étais, je l’avais mon papier justificatif. La conseillère m’a donc regardée avec un sourire fier et encourageant qui m’a tenu chaud au cœur durant mes longues soirées d’hiver.

Sa première phrase en revanche fut plus inquiétante :

« - Oulaaah… (Sentez-vous toute la tension qui régnait dans la salle ? Justifiez-le avec des éléments tirés du texte)

- Il y a un problème ? (je vous avais dit que j’étais fayote)

- Non, non, mais vous avez fait des études.

- Ben oui, j’ai un Master.

- Oui, on en voit pas beaucoup des profils comme ça, nous. »

Là, je ne peux m’empêcher de l’avouer, j’étais fière de moi. Et je pense que si ma mère avait été là elle aussi, elle n’aurait pas manqué d’essuyer une larme au coin de l’œil, témoignant de sa fierté devant une si éclatante réussite.

« - Donc, reprenons, vous avez travaillé dans un musée ?

- Oui, pendant deux ans.

- Et vous voulez continuer dans ce secteur ?

- Ben c’est-à-dire que, oui, après 5 ans d’études pour y arriver…

- Bon. Alors c’est quel code Rome ? »

Je sais, c’est un peu abrupt, vous venez de découvrir comme moi le concept fondateur de l’ANPE : le code ROME. Le code ROME a, comme son nom l’indique, de grandes ambitions pour vous. Conquérir la Gaule, certes, mais aussi et surtout définir votre secteur de recherche d’emploi. Par exemple, si vous êtes vendeuse, l’ordinateur ne va pas rentrer « vendeuse » pour définir votre recherche. Ce serait trop simple. Il faut lui dire vendeuse comme dans le code ROME 14223. Là il comprend. Si comme moi vous ne connaissez pas les codes ROME, et dieu sait qu’on le répète depuis longtemps qu’il y a un problème d’éducation dans ce pays, ne vous en faites pas. Car le conseiller ne les connait pas non plus.


Concrètement, cela se traduit comme ça :

« - Alors alors, voyons, est-ce que ça pourrait aller avec…. (pianotage de clavier) ah non, pas du tout, ça c’est de la vente mais que en plein air ! (repianotage) ça ? Hum, non… ça non plus… Bon, ne vous en faites pas, je vais chercher ! »

Personnellement ça s’est traduit par :

« - Alors alors, voyons, est-ce que ça pourrait aller avec… hum avec quoi est-ce que ça va, ça, culture ? (Sans le savoir, la conseillère rejoignait là un débat lancinant qui oppose encore les tenants de la culture libérée de toute pression éducative et sociale des partisans de la culture comme outil d’action politique concertée en vue d’éducation des masses. Mais là n’est pas le sujet) Bon bon bon… Je vais chercher ça. Sinon vous avez fait des petits boulots quand vous étiez étudiante ?

- Euh oui, un peu de baby-sitting et puis du travail de guichet dans les banques.

- Ah ! d’accord, je vais le marquer. Pour votre code ROME je vais chercher parce que là je ne trouve pas. Mais de toute façon vous verrez ça avec votre rendez-vous conseiller dans trois mois. »

Oui, vous avez bien lu. Trois mois vous séparent de votre prochain entretien. C’est long. Mais ça se mérite un entretien, vous verrez ça dans le prochain message.

Juste pour conclure et vous faire saliver d’avance, il est apparu que le code ROME qui m’a été finalement attribué était le 11113. « Garde/bonne d’enfants ».

Petite note à caractère informatif : vous pourrez vérifier par vous-mêmes, les codes ROMES cités dans ce message sont de vrais codes, avec les vrais intitulés. Ca c’est du journalisme d’investigation.

mercredi 22 octobre 2008

L'ANPE

Pour commencer je voulais un titre bien, qui en jette et tout, avec un sous titre (parce que c’est toujours bien un sous titre, ça vous place un titre, quelque chose de bien). J’avais donc pensé à « L’ANPE ou l’absurde à portée de main ». C’était sympa mais pas si drôle que ça, en tous cas pas au point d’en tomber par terre de rire. Et puis je voulais placer le mot « inepte » (c’est un joli mot et puis on l’utilise trop peu souvent je trouve) et là, problème « L’ANPE ou l’absurde et l’inepte à portée de main » c’est un peu lourd comme titre. Essayez vous-même de peser cette phrase, vous verrez. (et n’essayez pas de mettre « inepte » à un autre endroit dans le titre, ça ne marche pas, j’ai essayé) (et croyez-moi quand je dis ça, j’ai fait hypokhâgne alors je sais de quoi je parle)(les mauvaises langues pourront arguer que je n’avais que 2,5 de moyenne à l’écrit, il est maintenant reconnu que j’étais victime de la hargne de mon professeur de lettres).

Il faudra donc se contenter de ce titre : « L’ANPE » mais en majuscules s’il vous plait. C’est pas si mal, et puis c’est court, au niveau marketing c’est bien, ça reste en tête (d’ailleurs les spécialistes nous répètent que quand on choisit un nom pour un animal il vaut mieux préférer les noms monosyllabiques qui marquent durablement l’animal, faisons leur confiance). En plus « L’ANPE », ça dit peu et ça suggère un max. Ca fait un peu sujet de philo au bac, en plus, on sent qu’il y a matière à dire.

Et ça tombe bien, c’est justement mon but. Car il y a à dire sur l’ANPE, oh oui, croyez-moi, on a là matière à un bon succès en librairie. Ou en tous cas à un blog (les blogs drôles et intelligents, hein, pas ceux ou on laisse des commentaires comme « tro kool ton sit ! Gem tro le tunning moi ossi ! lol »). Notons qu’il y a là aussi matière à un grand succès littéraire.

Car oui, l’ANPE c’est ma vie, c’est ma croix, c’est surtout un sujet d’amusement pour toute ma famille et mes amis qui entre deux hoquets de rire quand je leur raconte leur dernière sortie me disent : « donne nous la recette de ton optimisme ! » et aussi : « tu devrais écrire dessus ».

Donc, voilà, je me lance. Après tout j’ai du temps, je suis au chômage (d’où mon contact à l’ANPE, notez la connexion logique), et j’ai un ordinateur et des doigts. J’ai aussi des pieds mais pour le coup ça me serait moins utile.

Je fréquente donc l’ANPE depuis quelques mois et je dois dire que ça a changé ma vie. J’imagine que ça fait ça à tous ceux qui ont affaire à cet établissement, en tous cas je l’espère. On pourrait croire que ça change les vies parce que ça nous aide à retrouver du travail mais non, il n’en est rien, l’ANPE est en réalité le meilleur moyen qu’à trouvé l’Etat pour financer la consommation nationale d’anxiolytiques (dont la France est le 1er pays consommateur au monde, rappelons un peu cette fierté nationale). L’ANPE, c’est mieux que l’Oulipo, c’est mieux que le monthy python flying circus, c’est mieux que le Disque-monde de Pratchett et d’ailleurs ça devrait être dedans, bref c’est le meilleur moyen de retrouver le sourire face à la crise qui nous englobe tous.

Je ne pourrais relater ici que ma propre expérience et je le regrette car je sais que d’autres pourraient en raconter autant, et sinon plus, et donner ainsi une vision plus vaste du phénomène. Qui sait, l’avenir palliera peut-être à ce manque ? (y’a pas à dire, y’a des phrases qui en jettent dans ce texte).

Commençons par le commencement et situons un peu l’action, les personnages, le pourquoi du comment. "Situons l’intrigue" comme le disait si bien mon professeur de français en 5ème, qui allez savoir pourquoi était beaucoup plus gentil que celui d’hypokhâgne.

J’ai 24 ans, bientôt 25, et je suis au chômage depuis Janvier 2008. Après deux ans d’exploitat…, après deux ans de bons et loyaux services en CDD dans un établissement public patrimonial ouvert au public sur une île française (enfin, sur le papier) que je ne citerai pas parce que ça leur ferait de la pub et que je m’y refuse, j’ai été remerciée en voyant mon 7ème CDD ne pas être renouvelé. « Faute de budget » m’a-t-on alors expliquée. Bien évidemment les budgets publics dédiés à la culture sont maigres et sans cesse diminués, que voulez-vous, on est un pays développé ou on ne l’est pas.

Après mes deux années de travail obtenu miraculeusement après mon Master en conception de projets culturels, je me retrouvais donc au chômage. Maintenant évidemment tout le monde connait mais précisons pour les gens tombés dans le coma dans les années 60 et se réveillant maintenant (pas de chance) que le chômage est une situation assez traumatisante à vivre souvent nommée « la difficile recherche d’emploi ». Etre au chômage, vous apprendra-t-on à l’ANPE, ce n’est pas tant ne plus avoir de travail qu’être « en recherche d’emploi ». Déjà vous voyez se profiler un schéma directif de « voir les choses sous un autre angle » que l’ANPE affectionne particulièrement.

J’étais donc au chômage et je me préparais à découvrir ce monde étrange et inquiétant avec tout l’optimisme débordant de mes jeunes années (certes allié à une légère inquiétude prémonitoire).

Terminant mon travail le 31 Décembre 2007, j’avais averti les ASSEDIC de mon entrée imminente dans leur vie et, avec l’enthousiasme maladif qui les caractérise, ils m’avaient alors convoquée le 8 Janvier 2008 pour qu’on en discute autour d’une tasse de café en refaisant le monde.

Précisons que cette convocation me stipulait que ce rendez-vous galant serait suivi de mon intronisation auprès de l’ANPE environ ½ heure après. (Comme quoi le speed dating n’a rien inventé du tout). Pimpante et court vêtue (enfin, autant que peut le permettre un après midi de janvier), je me présentai donc aux ASSEDIC le 8 janvier avec sur moi tous mes papiers justificatifs. Attention pour ceux qui prennent des notes, il y a là un 1er élément important : « les papiers justificatifs ». Soulignez-le en rouge, 2 fois et avec votre double décimètre, si tant est que ces choses existent encore, personnellement, je n’en ai pas vu depuis mon CM2.

Les papiers justificatifs, c’est la bible des administrations. Sans eux, vous êtes voués à l’enfer, sans même essayer le purgatoire, et si on relit Dante, on voit bien que les êtres en manque de papiers justificatifs sont voués au 6ème cercle de l’enfer, avec les hérétiques.

Mais pour l’heure j’avais sur moi TOUS mes papiers justificatifs et j’avais même préparé mon petit « ah ah ! » fier et sardonique censé les accompagner. Quand l’heure de mon rdv arriva, je rencontrai alors l’employée des ASSEDIC chargée de mon inscription. Précisons rapidement qu’étant employée par une collectivité publique, j’avais été prévenue que je ne serais pas indemnisée par les ASSEDIC et que je devais donc leur demander une lettre de refus de leur part afin de m’organiser avec le service paye de ma collectivité. Oui c’est un peu compliqué, je comprends, mais rassurez-vous, c’était compliqué aussi pour les ASSEDIC.

Car et cela aussi est important, si on vous dit un jour « Ne t’en fais pas, les ASSEDIC connaissent ce genre de situation ça sera vite réglé », faites moi confiance, ça ne sera pas aussi simple. Personnellement, j’ai donné mes papiers à la femme et j’ai attendu qu’elle remplisse un dossier sur moi (j’aurais pu la mettre en contact avec les RG, Edvige était en préparation, ça nous aurait tous fait gagner du temps). Suite à ces 10 minutes d’attente de remplissage de dossier sur l’ordinateur, je tentai d’expliquer ma situation à la chargée de remplissage.

Repassons au présent et au style direct pour raconter tout ça (oui le passage du passé au présent est un peu abrupt mais j’écris mal au passé, un point pour mon prof de lettres).

« - Ah oui, d’accord, donc nous, on ne peut pas vous indemniser.

- Oui oui, je suis au courant, ma collectivité m’avait prévenue, vous devez d’abord refuser mon dossier pour que je l’adresse au service paye et traiter mon cas avec eux.

- Oui parce que nous on n’indemnise pas les employés de la fonction publique en fait.

- Euh, oui, je sais. C’est pour ça qu’il me faut votre lettre de refus.

- Oui, d’accord. Il faut qu’on refuse votre dossier, on ne pourra pas vous indemniser, hein, vous verrez ça avec votre collectivité. »

Elle était charmante, je devais bien le reconnaître. Peut-être un petit peu lente, mais charmante. On avait mis le temps mais on était d’accord, c’était déjà un grand pas. Las !!! Cette si belle amitié devait rencontrer son premier obstacle… L’ordinateur. L’ordinateur, c’est (avec les papiers justificatifs) le support fondamental de l’organisation ASSEDIC-ANPE.

« - Euh, alors attendez, parce que je dois faire comprendre ça à la machine hein. (il y a là matière à réflexion sur la capacité humaine à humaniser les ordinateurs, généralement en être vicieux et calculateur, à la limite de l’expertise comptable)

- Faites donc.

- Alors, mince…

Et là suivirent 5 minutes de grimaces et de tapage sur le clavier, mais toujours confiante et naïve que j’étais, je ne m’inquiétais pas plus que ça.

- Oui alors, on a un problème.

- Ah ?

- Oui, on nous a changé le logiciel, et celui là ne marche pas. (c’est quand même ballot, on se dit que tout ça a dû être vérifié mais non, apparemment ils confient la création du logiciel ASSEDIC à un stagiaire au Ministère du Travail.)

- Comment ça, il ne marche pas ?

- Ben en fait, il ne reconnait pas votre situation.

- Ah. Mais il me refuse mon dossier au moins ? (je suis tenace je sais)

- C’est-à-dire que non, il me dit « situation impossible ».

- Ah. Et qu’est-ce qu’on fait ?

- Eh bien je vais voir avec ma direction et je vous recontacte, on va trouver un moyen de vous refuser. »

Moi qui croyais que c’était dur d’être indemnisée par les ASSEDIC, je découvre qu’il est en fait plus dur de ne pas l’être. Pour la petite histoire, j’ai reçu une lettre une semaine plus tard avec écrit « Au vu de votre dossier, vous avez travaillé à la fois auprès d’une entreprise privée et d’une collectivité publique. Il apparaît que vous avez travaillé plus longtemps auprès de la Collectivité, il appartient donc à ce service de vous indemniser ». Evidemment, la partie « auprès d’une entreprise privée » et « il apparaît que vous avez travaillé plus longtemps auprès de la collectivité » avait été rayée proprement à l’aide d’un double décimètre (donc finalement ça existe encore). Il semblait plus simple aux ASSEDIC de rayer manuellement chaque lettre que de modifier le logiciel qui ne marchait pas…

Terminons ce rendez-vous par une discussion qui ne manquera pas de me faire m’interroger les semaines et mois suivants.

« - Euh, excusez-moi mais j’ai une question. On m’a dit que ma collectivité allait changer sa façon de faire et que ce serait bientôt les ASSEDIC qui vont se charger de l’indemnisation des agents contractuels de la fonction publique. Comment cela va-t-il se passer ?

- Alors c’est très simple. Si vous retravaillez dans les mois qui viennent, il faudra travailler au moins six mois pour qu’on vous indemnise, pour nous c’est le minimum.

- Attendez, je ne comprends pas bien. Si je retrouve un travail, il faut que ce travail dure au moins 6 mois sans quoi je ne serai plus du tout indemnisée ?

- Oui, nous il faut comptabiliser au moins 6 mois de travail, c’est la loi.

- Donc pas de boulot en cdd de trois ou quatre mois ?

- Ah ben dans ce cas là vous ne serez pas indemnisée, c’est à vous de voir.

Je vous avais dit qu’elle était charmante ? Parce qu’au cas où il faut le repréciser, elle était délicieuse.

- Non, voyez-vous j’aime autant être indemnisée. Je vous remercie, au revoir. »

Et voilà comment prit fin mon premier et je l’espère dernier rdv avec les ASSEDIC. Après discussion avec des gens qualifiés (ils sont rares, si vous en rencontrez, gardez leur nom et leur contact), j’ai appris que tout cela était n’importe quoi et que je pouvais fort bien travailler 3 mois et retrouver mes indemnités par la suite. Tempérons cela néanmoins, la situation peut encore évoluer.

Ragaillardie par ce délicieux rdv, je me tournais alors vers l’ANPE afin de procéder à mon inscription. Je vous raconterai ça demain, petits veinards.

3615mavie.com

C'est officiel, j'ai créé un blog. Un blog pour dire quoi ? me demanderez-vous, et vous aurez bien raison.
Un blog c'est en général pour raconter des choses sur sa vie, des choses bien hein, en général, pour montrer au monde comme on est trop drôle, qu'on a trop d'amis et que notre vie est follement passionnante au point que le monde entier nous jalouse.

Ma vie n'est pas à proprement parler comme ça mais le peu qui s'y passe peut peut-être intéresser l'employé lambda qui traîne sur internet au bureau pour regarder des vidéos trop drôles (quand il a accès à youtube) et lire des trucs trop intéressants. Genre ma vie.
D'où le titre du blog : 3615mavie.com, expression que j'utilise souvent et qui prouve plusieurs choses :

1) Je suis blonde. Je mélange internet et minitel, ce qui dénote un curieux sens du temps qui passe et une certaine difficulté à m'adapter aux technologies.
2) Je suis suffisamment vieille pour avoir connu et utilisé le minitel (non, je ne l'utilisais pas pour 3615Ulla mais pour m'inscrire aux examens par exemple, mauvaises langues que vous êtes)
3) j'ai peut-être un manque de répartie car rembarrer quelqu'un avec "ouais c'est ça, continue, c'est quoi, 3615mavie.com ?" c'est assez moyen. Enfin perso, j'ai jamais vraiment réussi à rembarrer quelqu'un avec ça.

voilà, si vous êtes assez courageux pour avoir lu tout ça et pour vouloir lire la suite, je vous préviens tout de suite, je vais vous parler de l'ANPE. Parce qu'on peut rire des fois, non ?