jeudi 3 septembre 2009

Avertissement avant radiation : 2ème.

Allez, avouez... Parmi les lecteurs de ce blog, l'un de vous bosse au Pole emploi et, triste de ne pas m'avoir lue pendant des mois, a fait en sorte que j'ai de la matière pour cette rentrée...
Avouez, je vais pas m'énerver. Je suis calme, très calme. Comme Bacri.

Hier, j'ai reçu un deuxième avertissement avant avis de radiation. Le premier, je vous le rappelle, était quand je ne me suis pas présentée à mon rdv à cause de mon déménagement. Ne pratiquant pas encore la téléportation, j'avais donc raté ce rdv mensuel au grand dam de ma conseillère. Bref, je ne réexplique pas.

Hier, deuxième avis, donc. Cette fois encore, pour non présentation à rdv le 28 Août 2009.

Laissez moi vous décrire la situation parce qu'elle est savoureuse (même sans ajout de Mme Amora). Je me suis inscrite à Tours le 27 Juillet, un mois après ma première demande de transfert. Tout le mois d'août, j'ai attendu une convocation à mon rdv mensuel pour rencontrer mon nouveau conseiller et lui poser toutes mes questions sur mon inscription en Master.
Or, horreur, désespoir, courrier ennemi ! Je n'ai rien reçu. Rien, nada.
D'habitude, ils sont du genre à vous envoyer 2 courriers. Là, rien.

Moi, je tenais vraiment à rencontrer quelqu'un, alors le 24 Août, j'ai appelé le 3949 en faisant un signe de croix pour me protéger du malin. Je suis tombée sur un monsieur et je lui ai expliqué mon désarroi et ma peine immense .

"-Bonjour, je n'ai pas de rdv et je voudrais rencontrer quelqu'un, comment faire ?
- Alors, effectivement, vous n'avez pas de rdv de prévu dans les 15 jours à venir donc... Le mieux est encore de se présenter à votre agence pour rencontrer quelqu'un car si je vous prends un rdv, ce sera forcément dans minimum 15 jours"

Retenez les points importants : Pas de rdv de prévu dans les 15 jours et Impossibilité d'en avoir un rapidement.

Le lendemain, le 25 Août, donc, je suis allée dans mon agence pour rencontrer quelqu'un. C'est là que j'ai appris que j'avais peut-être déménagé et postulé à ma formation pour rien. Bref, passons... Je précise néanmoins que là aussi, la charmante personne qui a regardé mon dossier n'a pas tilté quand j'ai dit que je me présentais parce que je n'avais pas de rdv de prévu. Pas de "ah mais si ! le 28 août, c'est marqué là !". Non, rien.

Or, hier, 2 septembre, après un rdv avec mon banquier (rdv qui s'est plutôt bien passé même s'il a blêmi quand il a entendu que je cherchais du travail), je suis rentrée à la maison et un courrier m'attendait. "Hourra !" me suis-je dit ! "Voilà la réponse pour ma formation !" ai-je même ajouté, fébrile, en ouvrant le courrier.

Ben non, avertissement avant radiation. J'avais apparemment un rdv le 28 Août.

Que dire ? Rien. J'ai écrit, en précisant toutes mes démarches et en faisant comprendre que ça n'allait pas se passer comme ça. J'attends une réponse.

Mais je tiens tout de même à applaudir. Oui, maintenant j'ai les mains libres, on m'a retiré les allumettes et la bouteille de gaz que j'avais à la main hier après midi. M'en fous, je sais où ils les ont planqués.

mardi 25 août 2009

S'inscrire en formation : même jésus aurait renoncé

Et pourtant, les chemins de croix, c'est son domaine.
Notez que je m'avance peut-être, Jésus aurait sûrement pardonné aux employés du Pole Emploi, il aurait même tendu l'autre joue.
Ben moi pas.
D'abord, je vous raconte mon transfert de dossier.

Le 26 juin dernier, je vais sur le site https://www.changement-adresse.gouv.fr/changementAdresse/jsp/index.jsp?acceptJs=1 pour officialiser mon déménagement. C'est un site fait par le gouvernement, on le voit à quelques détails. L'adresse, déjà, pis aussi le "c'est parti..." avec les points de suspension. On sent bien que ça va être une partie de plaisir.

Ben en fait, non, c'est même assez bien fait, pour une fois. On dit qui on est, on décline ses 48 codes identifiants dans chaque institution (impôts, CPAM, CAF, Pole Emploi etc) et on dit "je vais déménager à telle adresse, auriez vous l'amabilité de transférer mon dossier ?". Et ça marche. Enfin, ça a marché pour les impôts. Pour la Caf. Pour la CPAM. Pour le Pole Em... AH BEN NON, CA ALORS ! ça n'a pas marché pour le Pole Emploi !! MINCEUH ! Décidément, quel dommage, avec les incapables, ça ne marche pas !

C'est amusant parce que j'avais un rdv avec ma conseillère le 7 juillet. Le 6, prudente que je suis, je l'ai rappelée pour lui dire "ohé, souvenez vous, je ne suis plus là hein ?" ce à quoi elle me répond "oui oui ! Vous avez signalé votre changement d'adresse au fait ?" "Oh que oui, je l'ai fait le 26 juin". S'en suivirent des adieux déchirants. Oui, je romance parce qu'en fait on avait l'air assez ravies toutes les deux de se quitter.

Vers le 15 juillet, je reçois un courrier du Pole Emploi. "Youpi !" me dis-je (pour autant qu'on puisse dire youpi en recevant du courrier du Pole Emploi), bref "youpi ! Me voilà inscrite à Tours, mégalopole tentaculaire etc."
Que nenni.
C'était une menace de radiation pour non présentation à un rdv avec ma conseillère. J'avais 15 jours pour justifier ou j'étais radiée.

En réalité, le site de changement d'adresse en ligne marche bien, SAUF pour le Pole Emploi. J'ai dû aller m'inscrire en urgence à Tours après un appel courroucé de mon ex-conseillère "je vous avais dit de faire le changement d'adresse !" "je l'ai fait, grognasse !". Bon, j'ai pas dit "grognasse". N'empêche qu'elle a quand même dû l'entendre.

Le chargé d'accueil au Pole Emploi de Tours était quant à lui efficace et gentil. A mon avis, ils se sont plantés dans son recrutement, c'est pas possible. Lui même a convenu que son boulot consistait de plus en plus à radier des gens, au point qu'il en venait à se surnommer "radiator". Bref, je lui demandais de m'inscrire à Tours. "Ah oui mais non !" me répondit-il. "On ne peut pas le faire ici. Faut le faire par téléphone. Appel payant."
J'ai donc appelé depuis l'agence, afin d'économiser le coût de l'appel, ce qui m'a permis de voir le conseiller enrager face à la boîte vocale en hurlant "ins-crip-tiooooon !". On ne peut pas dire que ça compense mais ça délasse.

Bref, j'étais inscrite, 1 mois après avoir pourtant fait le nécessaire.

J'attendais donc une convocation. J'ai attendu, attendu, elle n'est jamais venue, zaï zaï zaï. Autant on est convoqués pour un rien pendant des mois, autant celui où on veut voir quelqu'un, y'a personne.

Entre temps, je m'étais présentée à l'inscription en master pro, où j'avais été admise après examen du dossier et entretien avec les responsables. Alleluia, j'étais acceptée, même que j'avais "un parcours très intéressant". Je suppose que ça voulait dire "houla la, vous avez été exploitée pendant 2 ans !". Pour m'inscrire, il me fallait un avis d'autorisation du Pole Emploi. L'équivalent du "j'autorise mon fils, Marcelin Pouillon, à faire la visite scolaire de la déchetterie, le jeudi 21 Avril mais rendez-le moi propre s'il vous plait, ça coûte cher les lessives."

Mon rendez-vous ne venant toujours pas, j'ai appelé le 3949 pour demander une date. "Ha ben ça va être long, le mieux, ça serait encore de vous présenter comme ça, à l'improviste". Je vous laisse méditer le "à l'improviste", comme si je débarquais chez ma grand mère à l'heure du thé avec des gâteaux à la main. Bref.

Cet après midi, je suis donc allée à l'agence Pole Emploi. Et j'ai été reçue. Après 1 heure d'attente, oui, mais reçue quand même. J'ai donc expliqué mon parcours, mon projet et ma demande d'autorisation. Et là, j'ai retrouvé d'un coup le charme fou du Pole Emploi.

"- Ha mais est-ce que ça va être validé ?
- Je vous demande pardon ?
- Votre formation, là, est-ce que ça va être validé par la commission ?
- Une commission ? Quelle commission ?
- Ben ça a un coût, on n'accepte pas toutes les formations. Il faut remplir un dossier et passer en commission. Il faut fournir un CV, une lettre de motivation, un devis de coût de formation, un plan de formation détaillé avec nombre d'heures, dates de début et fin de formation. Ah, et aussi un dossier avec des offres d'emploi pour prouver que c'est un secteur qui recrute.
- Mais on ne m'a jamais dit ça !
- Ha ben pourtant il faut !
- Mais vous vous rendez compte ? Si ce n'est pas validé, je fais quoi ? J'ai déménagé exprès pour ça !
- Ah mais il ne faut pas foncer tête baissée voyons !
- Mais attendez, j'en ai discuté 3 mois avec ma conseillère, vous pensez bien que si elle me l'avait dit j'aurais rempli un dossier AVANT de déménager !
- Ah oui, ben là, c'est ballot. Remplissez le dossier et ça passera en commission.
- Et si la commission refuse de financer ?
- Ben vous redevenez étudiante et vous en touchez plus vos allocations.
- ..."

Voilà. Je fais donc mon dossier. Je peaufine aussi un courrier pour mon ex-conseillère. J'espère qu'elle va mal dormir pendant plusieurs jours. Parce que c'est tout ce que je peux faire. Ok, je peux aussi faire sauter sa voiture, j'ai les contacts pour. Rester Zen, rester zen...

lundi 15 juin 2009

Comment ça j'ai pas donné de nouvelles ?

Alors oui, franchement je trouve ça un peu facile. Sous prétexte que vous n'avez rien à faire au bureau (et ça c'est pas cool de me le dire), vous me dites "hé mais tu n'écris plus, c'est nul". Sauf que voyez-vous, écrire, c'est amusant, ça m'occupe, mais ça me rappelle aussi pourquoi ma vie professionnelle a atteint le sous sol. Alors, j'avoue, j'ai plutôt écrit d'autres trucs ces derniers temps.

Mais bon, parce que c'est vous je vais vous mettre au courant.
La dernière fois que je vous ai vus, j'avais un suivi personnalisé avec une psychologue dont j'ai déjà oublié le nom. Pour être honnête, la dernière fois que je vous ai vus ça devait plus être dans un bar, vu que je vous connais tous, amis lecteurs, mais passons.

J'ai donc fini mon suivi avec la délicieuse Mme Amora. Pendant 3 mois, j'ai pu la rencontrer à raison d'une fois par semaine, ce qui est sympathique mais pas tant que ça en fait, pour qu'elle puisse noter dans son dossier tout ce que je lui disais. Du genre "j'ai une formation dans ça. J'ai déjà fait ça, aussi. Mais je suis pas plombier, non. Oui, c'est dommage, je sais. Oui, pour la semaine prochaine je vais vous trouver 3 domaines professionnels en expansion. Alors y'a conseiller Pole Emploi, déjà. Baby-sitter de vieux aussi. Et chômeur."
Et elle, elle remplissait tout ça et me disait de revenir la semaine d'après avec mes CV et lettres de motivation, pour finalement ne pas les regarder.

Non, vraiment, c'était génial. En plus quand elle a terminé nos 3 mois de calvaires, elle m'a annoncée qu'elle m'appellerait 1 fois par mois pendant 3 mois pour savoir où j'en étais. Je vous rassure, elle n'en a rien fait.

Mais avec le temps qui passait est venu la prise de conscience : "Mais mordel de berde, je n'arrive à rien ici !". J'ai donc empoigné mon ordinateur (façon de parler hein, j'y tiens) et cherché quelles formations je pouvais faire. Il s'avérait que le secteur des médiathèques était ce qui complétait le mieux ma formation originelle. C'est donc d'un pas alerte que je suis allée à la médiathèque de ma ville, rencontrer la responsable.

Elle était gentille. M'a proposé un gâteau, déjà. C'est un signe. Après elle m'a dit que oui, ça serait bien que je vienne faire des stages, même qu'elle en organisait, elle. Alors, je suis allègrement voir ma conseillère. Qui, avec toute la candeur de ses grands yeux bleus m'a dit "euuuuh ouiiii... un stage, donc ? Mais c'est payant ? Qui organise ? Le département ? Ah oui mais on n'a pas d'accord avec eux, vous ne pouvez pas le faire. Non, vous comprenez, c'est pas autorisé."

Car oui. L'ANPE est pour le retour à l'emploi. Le gouvernement insiste régulièrement sur l'accès aux formations. Mais aux formations qui rentrent dans un cadre très précis. Celles qui vous proposent de devenir carrossier par exemple ou secrétaire médicale. Ou évidemment, baby sitter pour vieux. Mais pour le reste, non, pas autorisé. Z'avez qu'à vous reconvertir en baby sitter pour vieux, bordel, depuis le temps qu'on vous le dit.

Je n'ai donc pas pu faire de stage dans le domaine qui me concernait parce que, certes, j'avais l'envie, le contact et la possibilité, mais pas l'accord du Pole Emploi. Le monde est bien fait, hein ?

Du coup, j'ai réempoigné mon ordi et cherché des formations nationales. Damned. Vous n'allez pas me croire, mais à part retourner à la fac, rien n'était possible. A part baby sitter pour vieux, bien sûr.

J'ai donc relevé les yeux, regardé mon chat, éteint la musique et j'ai pris une grande décision. Nettoyer mon frigo, déjà. Et déménager afin de refaire 1 an d'études, aussi.

Là je vous passe les rdv d'annonce de notre séparation à ma conseillère et moi, ainsi que les "mais euh, donc, vous verrez là bas avec votre conseiller"

J'ai donc déménagé. Voilà. Me reste plus qu'à être prise dans ma formation, un Master d'ailleurs, pour entamer ma collection, et à formationner de mon mieux.

D'ici un mois je devrais rencontrer mon ou ma futur(e) conseiller(e). J'ai hâte.

mardi 17 février 2009

Le Pôle Emploi est votre ami

Oui, je sais. Vous êtes tous en attente de la suite de tests que j’ai passés. Vous vous demandez si j’ai fait des mises en situation et si j’ai découvert qu’en fait, j’étais faite pour être millionnaire. A ce sujet là, je me permets de m’étonner, ce travail n’existait même pas dans la liste. Alors que bon, ça existe, je l’ai vu à la télé, si c’est pas une preuve...

Ceci dit, pour vous divertir, je vous conseille la lecture de la liste des métiers de wikipédia : , vous devriez vous dire comme moi que « tiens, ils ont raison après tout, pourquoi ne mettre la liste QUE des boulots qui ne sont pas réprouvés par la loi ? C’est réducteur après tout, et puis le blanchiment d’argent, c’est un métier ancien et très noble, ça a lien avec l’imprimerie, Gutenberg, l’éducation du peuple, tout ça. »

Mais je ne vais malheureusement pas continuer mon récit des tests de Mme Amora (quelqu’un me rappelle d’où j’ai sorti son nom ?). Non, je ne vais pas le faire. Car j’ai ce matin découvert une fois de plus l’ineffable capacité du Pôle Emploi à égayer mon morne quotidien. Grand est son pouvoir, Gloire à lui.

J’ai reçu une offre. Une offre qu’on ne peut pas refuser. De toute façon c’est très délicat de refuser ce genre d’offre de l’ANPE, on se demande toujours si ça ne va pas être le prétexte de votre future radiation. J’espère que vous vous souvenez de la dernière offre qu’ils m’avaient envoyée (récit ici). On ne peut pas dire que l’adéquation avec mon profil était l’élément moteur de cet envoi, mais bon, je vous rappelle qu’on parle du Pôle Emploi, s’il y avait de la logique ça se saurait. (Déjà ils auraient commencé par ne pas payer aussi cher des gens qui ont manifestement réfléchi très fort pour le renommer Pôle Emploi. Mais c’est un autre problème.)

Là l’offre était nettement plus adaptée. Je vous la retranscris pour garder un peu de sa fraîcheur :

Offre N°XXXXXX

Etablissement de 3 à 5 salariés secteur : activ. Orga. Professionnelles recherche pour un CDD de 06 mois un :

Animateur/Animatrice de développement régional H/F

Au sein d’une association ayant pour but la promotion et le développement des producteurs de fromages régionaux. Vous devrez assurer la gestion administrative, financière, Assurer la communication interne et externe, le montage des dossiers. CDI possible par la suite.

Formation : Niv. 3 (BAC+2) commerce exigé ou Niv 3 (BAC+2) gest. Financière exigé

Expérience souhaitée de 1 à 2 ans en milieu agricole et en plan action

Voilà. Plusieurs remarques : déjà c’est dans un secteur d’activités d’Organisations Professionnelles. C’est bien. Je ne sais pas trop ce que c’est mais ça fait sérieux. Ensuite, un CDD avec CDI possible par la suite. Je vous assure, c’est TRES rare de nos jours de rencontrer ça, normalement c’est comme quand vous croisez un éléphant dans un safari au Kenya : l’émotion vous étreint, votre gorge s’assèche et vous vous sentez tout petit face à la beauté de la nature. (non, je ne suis jamais allée au Kenya mais je regarde beaucoup France 5 et ses documentaires sur la fascinante Afrique c’est pour ça que vous vous y croyez quand je raconte)

Enfin, oui, vous l’aurez noté, le secteur n’est pas tout à fait (mais alors de peu, hein, je chipote) celui dans lequel j’ai une formation. Pourtant, je me souviens, pendant mes cours sur l’architecture et l’influence japonisante sur les constructions de Franck Lloyd Wright, je ne cessais de répéter à mon prof : « oui, mais le fromage dans tout ça ? ».

Dommage, mon prof ne semblait pas particulièrement marqué par cette dimension pourtant cruciale. De même, mon prof d’histoire de l’art se refusait tout particulièrement à développer un passage de son cours sur le Baroque Flamboyant sur la gestion financière et les aides de l’Europe sur la production fromagère. C’est dommage. L’avenir nous a pourtant montré que cela m’aurait été utile.

La peste soit de cette incroyable déconnexion du cursus culturel et du monde agricole.

Afin d’en discuter avec ma conseillère préférée, et de voir avec elle si ma candidature à cette offre pourtant délicieuse (oui, j’aime beaucoup le fromage) était bien pertinente, j’ai décidé de l’appeler.

Et là, j’ai découvert quelque chose de fou : avec le Pôle Emploi avait tragiquement disparu le numéro de téléphone de mon agence !

Maintenant, il faut appeler le 3949. Voui madame. Ne me démontant pas, c’est donc d’un geste vif que j’ai pris le téléphone ce matin et que j’ai composé les 4 chiffres. A mon avis, le 3949 deviendra le nouveau symbole satanique. Déjà le 666, c’est dépassé, et puis 3 chiffres c’est pas assez, alors que le 3949, ça a de la gueule, ça reste en tête. Ça peut même rester dans le mur si vous essayez de joindre votre conseiller et que vous êtes de nature un peu nerveuse.

Tout d’abord, on vous indique que c’est le numéro du Pôle Emploi. C’est sûr qu’il vaut mieux prévenir, si vous comptiez tomber sur Ulla, c’est mieux d’être prévenu de suite de votre erreur. Ensuite, on vous indique que l’appel est facturé 11 centimes d’Euro si vous appelez d’une ligne fixe et que « ah oui tiens, au passage », si vous appelez d’un portable ou d’une ligne « box » (livebox, freebox, neuf box, machinbox, comme à peu près 90% de la population française de nos jours) l’appel pouvait être surtaxé. Les caisses sont vides, Fillon l’a dit. Ben voilà, on le constate.

Ensuite, on vous demande de taper étoile puis le numéro de votre département. A la suite de quoi une agréable voix féminine vous lit la longue liste des raisons pour lesquelles vous pourriez appeler. Ça n’est pas tout à fait ça : mais c’est pas très loin. Parce que maintenant on peut appeler pour s’inscrire comme demandeur d’emploi, pour comprendre pourquoi on a été radié, pour comprendre pourquoi on n’a rien touché ce mois-ci, mais aussi pour savoir si on a vraiment un dossier ou si c’est une blague. Une fois que vous savez pourquoi vous appelez il faut alors articuler du mieux possible votre requête. Moi, j’ai du articuler « EMPLOI » ce qui est assez bien trouvé je trouve, vu que j’appelais le Pôle Emploi. Ensuite j’ai du réécouter une liste de pourquoi je voulais les déranger pendant la pause café et j’ai articulé « CONSEIL ». Les chômeurs qui bégayent sont vraiment oubliés, c’est triste je trouve.

Vous tapez alors votre numéro de dossier. Et là, vous sentez que l’appel bascule. Non, pas du côté obscur. Quoique.

Je suis tombée sur une dame, très gentille du reste, à qui j’ai demandé s’il était possible de parler à ma conseillère. Suite à son petit rire contrit, j’ai compris que j’étais décidément trop naïve. En fait, non, on les appelle, ils prennent note de notre appel, ils envoient un mail à notre conseiller qui nous rappelle. S’il a le temps. Ou si vous n’êtes pas mort de vieillesse entre temps.

Voilà, parler à la seule personne qui a une toute petite idée de qui vous êtes, c’est impossible. Je me dis qu’ils ont peut-être mis ça en place pour créer des emplois. Vous n’avez pas votre conseiller mais quelqu’un est sorti du chômage. Chouette, hein ? Faudrait quand même penser à demander si c’est une centrale d’appel basée en France ou si c’est au Maroc. Pas que je sois contre le développement économique du Maghreb, hein, mais juste pour savoir.

Du coup j’ai préféré décliner ce mode de communication. Je vais essayer d’aller voir physiquement ma conseillère. Je prends ma pince coupante si jamais ils ont installé des barbelés. J’ai pris des vivres pour une semaine et un sac de couchage. Déclenchez l’envoi d’une équipe de secours si vous n’avez pas de nouvelles sous 8 jours. Dites à ma mère que je l’aime.

mardi 27 janvier 2009

Le test, c'est important de savoir

Mesdames et messieurs, chers lecteurs qui tiennent sur les doigts de mes deux mains réunies (on me fait signe, une main suffit, j’en prends note et me coupe la main gauche). Je me dois de vous avertir. Vous arrivez ici au meilleur moment de ma vie de chômeuse. Je ne sais encore si je vais réussir à vous faire partager ce moment intense qu’a été ce jour de tests psychologiques mais je vous jure que je vais faire de mon mieux pour que vous vous imaginiez avoir été présents dans cette pièce avec Roger, Mme Moutarde et moi.

J’étais donc convoquée pour une journée de divers bilans et tests. J’étais équipée, j’avais pris un stylo 4 couleurs. J’avais la motivation d’un lion. La barre chocolatée, oui.

Tout d’abord j’ai rencontré Roger, un peu intimidé et qui fumait en me demandant si je savais si on allait avoir des tests de calculs. Quoiqu’un peu inquiète à cette idée (dieu sait que le calcul me fait horreur, même avec une calculatrice), je tentais tant bien que mal de le rassurer, le prof avait dit de ne pas réviser les chapitres 4 à 12 donc tout irait bien.

Mme moutarde nous accueillit et sortit de sa pochette une ramette de tests agrafés. (Car oui : un test psychologique ne tient pas sur une seule feuille. Il faut agrafer les feuillets avec ET C’EST TRES IMPORTANT il faut mettre l’agrafe à un endroit improbable, genre en bas à droite, afin de déstabiliser le sujet)

Plaçons-nous désormais dans le style direct afin de mesurer en direct les effets primaires et secondaires de cette belle journée.

« Bonjour ! Vous allez bien ? (pause insuffisante pour écouter la réponse) Alors vous êtes réunis pour passer des tests. Ce sont en général des QCM. Le but est de répondre franchement afin que je puisse appréhender votre personnalité, votre caractère puis nous passerons aux tests de capacités puis de compétences.
Le premier test (agitant les feuillets agrafés en bas) est donc consacré à vous, à votre personnalité. Il s’agit de question proposant 5 réponses en gros de la plus éloignée à la plus proche de votre comportement et vous devrez cocher la bonne case. Je vous demande de ne pas cocher la case 3 qui correspond à une réponse « moyenne » où vous ne vous mouillez pas trop, parce que ça ne nous apprendra rien sur vous, personne n’est moyen (je faillis soulever là une remarque à mon sens pleine de vérité mais je n’en eu pas le temps, Mme Moutarde était finaude, elle savait ne pas faire de pause pouvant amener des questions). »

Nous commençâmes donc le test de personnalité. Je n’ai malheureusement pas pu garder le test afin de vous faire partager l’ensemble inénarrable de questions mais certaines ont laissé sur moi une empreinte telle que je suis en mesure de vous relater leurs inepties aujourd’hui. (y’a pas à dire quand je veux je parle bien, faudra penser à le dire à mon prof de lettre d’hypokhâgne).

Exemple :

« Equilibre :

En général je suis quelqu’un :

1) qui tombe souvent

2) qui tombe parfois

3) qui tient bien debout

4) qui ne chute jamais

5) qui a un parfait sens de la mesure »

Vous ne rêvez pas. On parle bel et bien de notre sens de l’équilibre physique, et pas comme on pourrait le penser de façon innocente de notre équilibre mental (après tout on passe un test de personnalité). On nous demande ici si on a du mal à marcher, à se tenir debout, donc à être coordonné. Oui moi aussi je pense que pour savoir ça, le mieux c’est encore de regarder la personne marcher mais pas pour des psychologues. Marcher c’est avant tout dans la tête que ça se passe, bande d’ignorants.

Si vous cochez 1, vous vous doutez que c’est très gênant socialement et que cela vous embêtera sûrement lors de votre future embauche. D’ailleurs vous êtes tombé de la chaise et vous sentez confusément que remplir le test sur le sol pose problème à Mme Moutarde. De même, si vous cochez 2 pour limiter la mauvaise impression, votre employeur risque bien de ne pas vous faire confiance pour ce job de déménageur en objets d’art que vous désiriez tant.

La réponse 3 est interdite.

Il vous reste donc le choix entre 4 et 5. Si vous avez comme moi un mauvais esprit vous sentez confusément que les propositions ne traitent pas du même sujet. Personnellement, je compare rarement mon rapport à la gravité terrestre à mon sens de la mesure. Oui, je devrais m’ouvrir l’esprit, je sais bien. Un peu perdue j’ai donc hésité entre affirmer hâtivement que mes rapports aux chutes étaient nuls (ce qui est malheureusement faux ou tout du moins si je ne chute pas il m’arrive souvent de me heurter à des objets mouvants et fixes. Je ne sais pas pour vous mais moi je me prends souvent des chambranles de porte. Pourtant ils ne bougent pas mais j’ai sûrement tendance à sous estimer le volume que je représente.) et affirmer haut et fort que mon sens de la mesure était égal au nombre d’or. Mon sens de la mesure, déjà, ça me pose 2 problèmes. Je ne sais pas si on parle de mon sens qui me permet de taper des mains en rythme lors d’un concert (et ce n’est pas donné à tout le monde, constatez le vous-même lors de votre prochaine séance d’écoute musicale collective) ou bien de mon sens qui me permet de tempérer les choses et les gens en sachant prendre un peu de distance avec les évènements.

Complètement décontenancée, et ne voulant pas le laisser paraître, j’ai donc coché la proposition 4.

Mais d’autres questions étaient tout aussi amusantes ! Jugez plutôt :

« Sociabilité :

Je :

1) tue tous les gens que je croise c’est bien simple j’ai même bouffé le cœur de l’infirmier qui tentait de m’enchainer.

2) m’efforce de croiser le moins de gens possible, je vis derrière mon ordinateur, d’ailleurs pour payer ma pizza commandée par internet j’envoie mon chihuahua payer le livreur.

3) je me comporte de façon normale.

4) je saute au cou des gens sauf lorsque je suis malade.

5) je suis la personne la plus sociable de la terre, Facebook à côté de moi, c’est rien, d’ailleurs j’ai 7 milliards d’amis, c’est moi qui ai inventé le mot sociabilité. »

Oui, j’ai réadapté les propositions, j’avoue, mais très honnêtement, le contenu différait mais le sens était vraiment proche. Il y avait aussi :

« Savoir vivre

Je :

1) Mme de Rotschild si tu m’entends, j’t’enc…

2) Je crache au visage des gens quand je les rencontre pour la 1ère fois.

3) Je suis éduqué.

4) Je ne me trompe jamais de titre quand je m’adresse à une comtesse et à une altesse sérénissime.

5) Je suis Mme de Rotschild. (et je t’enc…) (non pardon c’est plus fort que moi, Nadine ne dirait jamais une chose pareille) »

« Autorité

Je :

1) suis très obéissant, j’obéis toujours à mon chien.

2) sais faire obéir ma cafetière.

3) j’ai un rapport normal à l’autorité, j’accepte les remarques de mes supérieurs et je suis indulgent avec mes subordonnés.

4) j’ai un fouet sur moi et pourtant je ne m’appelle pas Indiana Jones.

5) je veux qu’on m’appelle « maître ». Plus vite que ça. »

Vous l’avez donc compris, il n’est pas si facile de remplir un test de personnalité. C’est normal me direz-vous, chaque personne est complexe. Et c’est d’autant plus clair quand on fait ce petit test tout simple qui permet de nous situer dans l’éventail riche et coloré des personnalités déficientes que peuvent présenter les chômeurs, du moins dans l’esprit des psychologues.

Une fois les 4 pages remplies, Mme moutarde nous demanda de trouver quelqu’un dans notre entourage qui nous connaîtrait assez bien mais qui aurait aussi assez de recul pour pouvoir nous juger en remplissant lui aussi le test. L’idéal étant de trouver quelqu’un de notre ancien travail (oui le fait que la personne en question puisse être celle qui nous a virée n’a pas semblé effleurer Mme Amora.), prêt à dire (sans lire nos réponses habilement dissimulées derrière un bout de feuille) si oui ou non on a menti dans notre rapport à la nudité au travail.


Ça suffira pour aujourd’hui petits chenapans, mais réjouissez vous, je m’attelle de suite à la rédaction du récit concernant les tests de capacités et de compétences… Et là, il y a du lourd.

dimanche 18 janvier 2009

Le suivi personnalisé, c'est bon, surtout avec des cornichons

Bien dormi ? Allez, vous avez été sages, je vous raconte donc le début de mon suivi personnalisé. Souvenez-vous, c’est le truc que l’on m’avait gentiment proposé pour que je trouve du travail. Rapport au fait que j’en cherchais du travail.

J’avais donc rdv avec un spécialiste, un coach, fort d’une expérience folle et d’un réseau professionnel hyper développé mis à ma disposition afin de me permettre de faire ma difficile entre divers employeurs qui ne manqueraient pas de se disputer ma personne.

Mi octobre, je me dirigeai donc d’un pas alerte vers ma spécialiste, car oui c’était une femme, et j’espérai fort qu’elle aimait Lorie elle aussi. Elle m’accueillit chaleureusement en me demandant mon papier justificatif (ma convocation quoi).

« - Bonjour, je suis Mme X. (non elle ne s’appelait pas Mme X. mais c’est pour pas dire son nom, j’aurais pu mettre Mme Moutarde à la rigueur, mais je ne sais pas si tout le monde aime la moutarde.) (Oui vous allez me dire « et tout le monde aime le X ? » mais je n’entrerai pas dans cette polémique, laissez moi continuer mon histoire un peu.) Je suis psychologue et je suis là pour vous aider dans votre processus de retour à l’emploi. »

Quelle déception ! J’avoue que, forte de moult visionnages d’émissions de M6, je m’attendais à un coach brésilien (MA CHERRRRRRIIIIIIIE, J’ADOOOOOOOOOOOOOOORE) qui m’aurait emmenée chez un super coiffeur-maquilleur-chirurgien esthétique pour mieux faire pleurer ma maman et mon chéri à la fin quand j’entrerai dans la pièce en annonçant « ben oui, c’est moi » avec un petit sourire. La, elle n’était même pas brésilienne, il n’y avait aucun coiffeur-maquilleur à côté, ni de boudoir propice aux confidences et le coach était psy. C’était officiel, j’avais un problème.

« -Euh, bonjour.
- Alors, ensemble, on va travailler, tout d’abord en faisant le point pour que je vous connaisse un peu puis dans un second temps en établissant un plan actif de recherche d’emploi. (ah un plan actif, intéressant, moi mes plans ils étaient pas trop actifs, ils restaient posés là, j’avais effectivement un important travail mental à effectuer.) Vous le savez, le but c’est évidemment d’atteindre le marché caché. Signez-là. »

Quelque peu perplexe je signai le papier et une feuille de présence. J’appris au même moment que nos rencontres allaient rythmer mes trois prochains mois à raison d’une fois par semaine et que nulle absence n’allait être tolérée sinon je me faisais virer de l’ANPE (oui ils étaient toujours aussi attachants, à l’ANPE).

Souriante néanmoins, Mme Moutarde continua son petit speech.

« - Donc vous avez demandé un suivi personnalisé, c’est bien.

-Euh en fait j'ai pas vraiment demandé, mais bon...

- Donc il faut que je vous connaisse, vous êtes d'accord ? L’ANPE ne m’a rien transmis sur vous, vous avez un dossier là-bas ?

- J’espère bien ça va faire 10 mois que j’y suis inscrite.

- Ah ? Je n’ai rien reçu. Vous cherchez du travail dans quoi ?

- La culture, le patrimoine plus précisément.

- Le patrimoine ? C’est-à-dire ? Parce que ça veut pas dire grand-chose ! (ben non c’est bien connu, Velasquez, Versailles ou Dali ça veut pas dire grand-chose mais globalement quand je disais « patrimoine et culture » même ma boulangère comprenait.)

- He bien je travaillais dans un musée, organiser des expositions, tout ça.

- Oh. (Je sentais bien sa déception. Ca faisait toujours ça aux professionnels du domaine de l’emploi, « culture et patrimoine » ça soulève rarement l’enthousiasme, moins que « plomberie » quoi…) Bon et bien… Oui là le but c’est vraiment de savoir s’ouvrir.

- Pardon ? Parce que bon, moi j’aimerai bien continuer dans ce domaine, ça me plait et puis j’ai fait les études pour…

- Oui mais bon, il faut aussi ouvrir les yeux !

- Certes, certes, je suis prête à m’ouvrir à d’autres domaines mais pas vraiment à une complète réorientation.

- Ecoutez moi bien vous êtes là pour retrouver du travail, vous avez signé donc vous vous êtes engagée. (Elle commençait à s’énerver, là, ça tombait bien parce que moi aussi en face.)

- J’ai signé mais à aucun moment pour m’entendre dire de changer de voie, j’ai signé pour avoir un appui, si c’est pas ça dites-le moi tout de suite, parce que là ce n’est pas très clair…

Sentant que le terrain devenait glissant, elle décida en bonne psychologue qu’elle était de désaxer le conflit naissant.

- Quoiqu’il en soit, je vais devoir vous connaître, et c’est le projet de notre prochaine rencontre.

- Très bien.

- Nous allons nous voir la semaine prochaine, vous allez faire quelques tests de personnalité afin que je vous cerne mieux. (oui c’est bien connu pour connaître quelqu’un c’est plus simple de lui faire remplir des tests bidons, discuter avec lui ça prend trop de temps et puis c’est surfait. Ca avait l’air bien comme boulot, psychologue.) Vous viendrez jeudi prochain, prévoyez votre journée entière, vous allez passer des tests en groupe.

- Pardon ? En groupe ? Je croyais que c’était personnalisé ?

- Oui mais on essaye de regrouper les gens en fonction de leurs profils. Vous serez 3 ou 4, normalement. Donc on dit de 9h à 12h puis de 13h à 16h, prenez un stylo.

- Bon… Vous voulez mon CV pour votre dossier ?

- Non, pas la peine pour l’instant, le CV et les offres c’est en phase 2, là on commence la 1. (génial, ça voulait dire que pendant un mois le programme c’était introspection, pas recherche d’emploi). Voilà, n’oubliez pas de prendre un stylo. A la semaine prochaine. »

Voilà. J’avais commencé mon suivi personnalisé. Ca avait l’air super bien, vraiment. Un peu déstabilisant et irritant mais tout à fait dans l’esprit de l’ANPE. Ils faisaient appel à des boîtes spécialisées mais ils avaient réussi à trouver des gens aussi attachants et ouverts qu’eux. J’avais vraiment hâte de faire les tests, après tout j’allais peut-être apprendre des trucs fous sur moi, c’était la première fois qu’un psy s’intéressait à moi, j’allais peut-être découvrir que de caractère asocial tendance sociopathe je devais penser à m’orienter dans le domaine de la garde de personnes âgées ?

Petit avant-goût de la semaine suivante, nous ne fûmes finalement que 2 à passer les tests. En effet, nos profils correspondaient, Roger avait fait l’armée puis des travaux dans l’électricité. Et moi un jour, j’avais appuyé sur un interrupteur, c’est dire si on avait des points communs.

jeudi 8 janvier 2009

A la rencontre de l’autre : la pérennisation des liens sociaux à travers l’étude des relations chômeur-conseiller référent en Occident

Vous les attendiez avec impatience, voilà la suite de mes aventures ANPEsques ! Je vous l’avais dit, l’été, on ne cherche pas de travail et j’attendais donc septembre impatiemment, éperdument, infiniment. Fin septembre, la mort dans l’âme, je finis par me faire à l’idée que ma conseillère avait peut-être succombé à la vague de chaleur de début du mois. Je commençais à faire le tour des boutiques de fleuristes afin de faire livrer une couronne à sa famille quand une lettre me parvint.

« Mademoiselle, lors de votre rendez-vous du 23 Juin (l’ANPE vit dans un temps séparé, une autre dimension où le temps s’écoule différemment parce que moi mon dernier rdv datait du 12 juin mais n’y pensons plus), vous avez défini avec votre conseiller les actions que vous alliez mettre en place dans le cadre de votre Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi. Depuis cette date, vous avez peut-être retrouvé un emploi, je vous remercie de nous le faire savoir. Si vous êtes toujours à la recherche d’un emploi, un bilan mensuel est nécessaire. Vous avez rdv avec votre conseiller référent Mme X (et là c’est un autre nom que ma conseillère ce qui me pousse à croire qu’elle est vraiment morte) le 07/10 à 14h30. »

Plusieurs remarques s’imposent. Tout d’abord, j’étais assez d’accord sur le fait qu’un suivi mensuel s’imposait. Après tout ça faisait presque 4 mois sans nouvelles et je voulais voir si les travaux près de l’agence étaient terminés. Et puis on pourrait discuter de mon avenir aussi, si on avait le temps, c’était toujours sympa de pouvoir se livrer à une oreille amie.

Ensuite, je réalisai qu’apparemment, certains chômeurs qui retrouvent du travail oublient d’avertir l’ANPE, mais à mon avis ils le font parce que le lien avec leur conseiller est trop fort et qu’ils ne veulent pas le blesser en annonçant une rupture de façon trop abrupte.

C’est donc toute guillerette que j'allai au rdv ce 07 Octobre à 14h30 à l’ANPE. Dès mon entrée, je rassurai la dame chargée de l’accueil en lui montrant ma lettre et j’attendis ma conseillère. J’étais partagée. Soit elle avait changé de nom suite à un mariage, soit elle s’était fait refaire le visage afin d’échapper à la vengeance d’un parrain de la mafia grâce à l’aide du FBI, soit ce n’était plus la même personne. Quand elle me fit rentrer dans son open space si chaleureux, je guettai le moindre signe me permettant de trouver la bonne solution.

« - Bonjour, vous êtes ? » (On dirait la même personne, elle non plus ne me connait pas !)

Je lui tendis ma convocation et attendis qu’elle pianote sur son ordinateur. Mais, ENFER ET DAMNATION !!! Il refusait de fonctionner ! Impossible pour elle de prendre les renseignements de base sur moi ! Elle allait devoir me parler !! Voyant le trouble provoqué en elle par cette atroce découverte, j’attendis avec mon plus charmant sourire.

« - Euh…ça ne marche pas, là…

- Oui, on dirait bien…

- Donc euh… vous cherchez du travail…

- Oui, c’est ça. (je commençais à être sûre qu’il s’agissait bien de la même personne. Elle savait tout de moi ! J’allais lui demander si le programme de réinsertion des témoins était efficace mais je me retins encore un peu)

- Alors, euh, vous n’avez rien trouvé depuis le mois dernier ?

- Non. Ni depuis les mois d’avant d’ailleurs.

- D’accord. Alors moi je suis là pour vous demander si vous voulez un suivi personnalisé par un organisme spécialisé en fait.

- Un suivi personnalisé ? C’est-à-dire ? Comment ça se passe ?

- He bien c’est un organisme, qui est spécialisé (« aaaaaaah d’accoooooord »), et donc vous êtes suivi par un conseiller qui vous suit régulièrement pour vous aider dans vos démarches.

- Et donc ?

- He bien… Euh… c’est plus suivi, quoi (oui, on était d’accord, le suivi mensuel, c’était pas ça). Ca dure 3 mois.

- Mais c’est obligatoire ?

- Non, non mais on va vous le reproposer de toute façon. (Traduction : oui c’est obligatoire). Ca vous dit ?

- Ben… si c’est vraiment une aide je veux bien, sinon… je vois pas l’intérêt.

- Voilà, donc je donne votre dossier à l’organisme, vous allez recevoir une convocation rapidement.

- Mais dites moi un peu… c’est un suivi personnalisé, ce n’est pas un travail en groupe ?

- Non non ! c’est vraiment personnalisé, le conseiller vous montre comment faire pour vos démarches. (aaaah c’était pour ça que j’avais pas trouvé de travail en fait… je ne connaissais pas les trucs et astuces !)

- Et sinon j’ai noté là mes dernières démarches, ça vous intéresse ?

- Euh… je vais en faire une photocopie, ça aidera le conseiller. »


Voilà. J’allais partir quand j’entendis au loin une voix dire à quelqu’un « ah ben oui mais là il faut savoir ouvrir son champ de recherche ! ». Je connaissais cette voix. C’était celle de ma conseillère ! Elle était là ! Mais… elle m’évitait ? Que se passait-il ? Que c’était-il donc bien passé durant l’été torride pour qu’elle m’oublie ainsi ? La mort dans l’âme je quittai le lieu de nos tendres rencontres et je rentrai à la maison, le cœur lourd de ces secrets qui avaient entaché notre belle histoire.

La semaine d’après, je reçus une convocation avec ma nouvelle conseillère spécialisée. Mais c’est une autre histoire et il est tard, il faut dormir maintenant.