jeudi 23 octobre 2008

le code ROME c'est mon fils ma bataille, c'est le fruit de mes entrailles

Vous avez attendu sagement la suite, c’est bien, vous aurez une image. Et j’ai bien reçu vos messages comme quoi c’était trop long. Je ne suis pas vexée, non. Peut-être un peu contrariée que la grande qualité de mes écrits ne vous ait pas fait oublier la longueur du texte (qui est pourtant la marque d’un talent certain, relisez Dumas, vous verrez si c’est court). Mais rien de grave.

Bref, je vais donc raccourcir tout ça pour des raisons marketing mais vous y perdrez en ressenti. C’est un choix, j’espère que vous l’assumerez. De toute façon je vous préviens tout de suite, j’écrirai ce que je voudrai et en quantité voulue, ceux qui en ont marre n’auront qu’à s’arrêter, les sales losers.

Ca, c’est fait.

Passons aux choses sérieuses, l’inscription à l’ANPE. Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut savoir qu’il est techniquement impossible de rentrer dans une agence sans être reçu de façon officielle par un agent. Oui, un peu comme dans les fêtes du XIXème, il faut être introduit. Pour cela, munissez-vous de votre papier justificatif (mais est-il vraiment besoin de le préciser ?).

Dès votre arrivée donc, un agent vous saute au cou pour vous accueillir. Personnellement, je n’ai jamais réussi à rentrer dans une agence sans être repérée. Ils doivent avoir une formation au Mossad ou un truc du genre parce qu’ils ont l’œil, même s’ils sont en rdv vous aurez droit à « quelqu’un va venir vous voir ! ». Ils doivent avoir des indics.

Le rôle de l’agent est clair : ne pas vous laisser seul. Vous pourriez faire quelque chose de grave comme casser les ordinateurs, jeter une chaise ou pire, consulter une brochure. Cet agent utilise alors des techniques avancées pour déterminer la raison de votre présence. Ses formules d’accueil oscillent entre « Vous avez rendez-vous ? » et « Je peux vous aider ? ». Vous l’aurez compris, l’ANPE mise gros sur l’accueil. C’est dommage, moi perso j’aurais misé sur la qualité du service mais eux, non c’est l’accueil.

Car on ne doit pas s’ennuyer à l’ANPE. Jamais. Une lettre de reproche sur le manque d’accueil et ils s’engagent à entamer une psychothérapie pour y remédier. Laisser quelqu’un seul, sans accueil pendant 5 minutes, est passible d’un blâme pour l’agent. Plutôt mourir qu’être pris en défaut là-dessus. C’est amusant parce que moi, de toutes les choses que j’ai ressenties à l’ANPE, ça n’a jamais été l’ennui le plus marquant…

Vous voilà donc reçu par quelqu’un qui ne peut que vous accueillir et vous montrer où sont les ordinateurs. Cette personne ne fait que ça. Elle n’a sans doute même pas le droit de s’approcher de la photocopieuse, à chacun sa tâche et les cochons seront bien gardés. Une fois rassurée quand elle comprend que vous avez un rdv avec un conseiller, cette personne guette de possibles nouveaux arrivants.

Vient alors la rencontre avec votre conseiller. Il faut savoir qu’avant de vous rencontrer, vous recevez un courrier où vous pouvez compléter une notice servant de base à votre futur CV. Cette notice est un papier justificatif, il ne faut donc pas la lâcher d’une seconde.

Moi, fayote que j’étais, je l’avais mon papier justificatif. La conseillère m’a donc regardée avec un sourire fier et encourageant qui m’a tenu chaud au cœur durant mes longues soirées d’hiver.

Sa première phrase en revanche fut plus inquiétante :

« - Oulaaah… (Sentez-vous toute la tension qui régnait dans la salle ? Justifiez-le avec des éléments tirés du texte)

- Il y a un problème ? (je vous avais dit que j’étais fayote)

- Non, non, mais vous avez fait des études.

- Ben oui, j’ai un Master.

- Oui, on en voit pas beaucoup des profils comme ça, nous. »

Là, je ne peux m’empêcher de l’avouer, j’étais fière de moi. Et je pense que si ma mère avait été là elle aussi, elle n’aurait pas manqué d’essuyer une larme au coin de l’œil, témoignant de sa fierté devant une si éclatante réussite.

« - Donc, reprenons, vous avez travaillé dans un musée ?

- Oui, pendant deux ans.

- Et vous voulez continuer dans ce secteur ?

- Ben c’est-à-dire que, oui, après 5 ans d’études pour y arriver…

- Bon. Alors c’est quel code Rome ? »

Je sais, c’est un peu abrupt, vous venez de découvrir comme moi le concept fondateur de l’ANPE : le code ROME. Le code ROME a, comme son nom l’indique, de grandes ambitions pour vous. Conquérir la Gaule, certes, mais aussi et surtout définir votre secteur de recherche d’emploi. Par exemple, si vous êtes vendeuse, l’ordinateur ne va pas rentrer « vendeuse » pour définir votre recherche. Ce serait trop simple. Il faut lui dire vendeuse comme dans le code ROME 14223. Là il comprend. Si comme moi vous ne connaissez pas les codes ROME, et dieu sait qu’on le répète depuis longtemps qu’il y a un problème d’éducation dans ce pays, ne vous en faites pas. Car le conseiller ne les connait pas non plus.


Concrètement, cela se traduit comme ça :

« - Alors alors, voyons, est-ce que ça pourrait aller avec…. (pianotage de clavier) ah non, pas du tout, ça c’est de la vente mais que en plein air ! (repianotage) ça ? Hum, non… ça non plus… Bon, ne vous en faites pas, je vais chercher ! »

Personnellement ça s’est traduit par :

« - Alors alors, voyons, est-ce que ça pourrait aller avec… hum avec quoi est-ce que ça va, ça, culture ? (Sans le savoir, la conseillère rejoignait là un débat lancinant qui oppose encore les tenants de la culture libérée de toute pression éducative et sociale des partisans de la culture comme outil d’action politique concertée en vue d’éducation des masses. Mais là n’est pas le sujet) Bon bon bon… Je vais chercher ça. Sinon vous avez fait des petits boulots quand vous étiez étudiante ?

- Euh oui, un peu de baby-sitting et puis du travail de guichet dans les banques.

- Ah ! d’accord, je vais le marquer. Pour votre code ROME je vais chercher parce que là je ne trouve pas. Mais de toute façon vous verrez ça avec votre rendez-vous conseiller dans trois mois. »

Oui, vous avez bien lu. Trois mois vous séparent de votre prochain entretien. C’est long. Mais ça se mérite un entretien, vous verrez ça dans le prochain message.

Juste pour conclure et vous faire saliver d’avance, il est apparu que le code ROME qui m’a été finalement attribué était le 11113. « Garde/bonne d’enfants ».

Petite note à caractère informatif : vous pourrez vérifier par vous-mêmes, les codes ROMES cités dans ce message sont de vrais codes, avec les vrais intitulés. Ca c’est du journalisme d’investigation.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Pfff frustré je suis, j'étais en train de les vérifier :D

Anonyme a dit…

Comme je te comprends !
Personnellement mon code rome est le 31113, et en bonne fayotte que je suis (oui comme toi je viens à l'anpe avec les bons papiers, avec un rendez-vous, tout bien comme il faut, et en plus j'ai fait des études !!!)je le connaissais en arrivant vers mon conseiller qui m'a aussi dit qu'on me contacterait pour mon prochaine rdv dans 3 mois ... Ah le suivi des chomeurs ! Ca donne presque envie !

Anonyme a dit…

Le code ROME, quel précieux sésame. Pour les traducteurs-interprètes, c'est 32241, voilà comme ça tu le sauras ! Quand j'ai eu mes rendez-vous à l'ANPE (car j'ai eu deux périodes de recherche d'emploi !), le conseiller était soulagé de voir que je connaissais mon code ROME :)

Anonyme a dit…

Oooh... le mien c 24121, je viens de le découvrir... Grâce à ce blog, je dormirai moins bête ce soir ^^

V.