jeudi 8 janvier 2009

A la rencontre de l’autre : la pérennisation des liens sociaux à travers l’étude des relations chômeur-conseiller référent en Occident

Vous les attendiez avec impatience, voilà la suite de mes aventures ANPEsques ! Je vous l’avais dit, l’été, on ne cherche pas de travail et j’attendais donc septembre impatiemment, éperdument, infiniment. Fin septembre, la mort dans l’âme, je finis par me faire à l’idée que ma conseillère avait peut-être succombé à la vague de chaleur de début du mois. Je commençais à faire le tour des boutiques de fleuristes afin de faire livrer une couronne à sa famille quand une lettre me parvint.

« Mademoiselle, lors de votre rendez-vous du 23 Juin (l’ANPE vit dans un temps séparé, une autre dimension où le temps s’écoule différemment parce que moi mon dernier rdv datait du 12 juin mais n’y pensons plus), vous avez défini avec votre conseiller les actions que vous alliez mettre en place dans le cadre de votre Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi. Depuis cette date, vous avez peut-être retrouvé un emploi, je vous remercie de nous le faire savoir. Si vous êtes toujours à la recherche d’un emploi, un bilan mensuel est nécessaire. Vous avez rdv avec votre conseiller référent Mme X (et là c’est un autre nom que ma conseillère ce qui me pousse à croire qu’elle est vraiment morte) le 07/10 à 14h30. »

Plusieurs remarques s’imposent. Tout d’abord, j’étais assez d’accord sur le fait qu’un suivi mensuel s’imposait. Après tout ça faisait presque 4 mois sans nouvelles et je voulais voir si les travaux près de l’agence étaient terminés. Et puis on pourrait discuter de mon avenir aussi, si on avait le temps, c’était toujours sympa de pouvoir se livrer à une oreille amie.

Ensuite, je réalisai qu’apparemment, certains chômeurs qui retrouvent du travail oublient d’avertir l’ANPE, mais à mon avis ils le font parce que le lien avec leur conseiller est trop fort et qu’ils ne veulent pas le blesser en annonçant une rupture de façon trop abrupte.

C’est donc toute guillerette que j'allai au rdv ce 07 Octobre à 14h30 à l’ANPE. Dès mon entrée, je rassurai la dame chargée de l’accueil en lui montrant ma lettre et j’attendis ma conseillère. J’étais partagée. Soit elle avait changé de nom suite à un mariage, soit elle s’était fait refaire le visage afin d’échapper à la vengeance d’un parrain de la mafia grâce à l’aide du FBI, soit ce n’était plus la même personne. Quand elle me fit rentrer dans son open space si chaleureux, je guettai le moindre signe me permettant de trouver la bonne solution.

« - Bonjour, vous êtes ? » (On dirait la même personne, elle non plus ne me connait pas !)

Je lui tendis ma convocation et attendis qu’elle pianote sur son ordinateur. Mais, ENFER ET DAMNATION !!! Il refusait de fonctionner ! Impossible pour elle de prendre les renseignements de base sur moi ! Elle allait devoir me parler !! Voyant le trouble provoqué en elle par cette atroce découverte, j’attendis avec mon plus charmant sourire.

« - Euh…ça ne marche pas, là…

- Oui, on dirait bien…

- Donc euh… vous cherchez du travail…

- Oui, c’est ça. (je commençais à être sûre qu’il s’agissait bien de la même personne. Elle savait tout de moi ! J’allais lui demander si le programme de réinsertion des témoins était efficace mais je me retins encore un peu)

- Alors, euh, vous n’avez rien trouvé depuis le mois dernier ?

- Non. Ni depuis les mois d’avant d’ailleurs.

- D’accord. Alors moi je suis là pour vous demander si vous voulez un suivi personnalisé par un organisme spécialisé en fait.

- Un suivi personnalisé ? C’est-à-dire ? Comment ça se passe ?

- He bien c’est un organisme, qui est spécialisé (« aaaaaaah d’accoooooord »), et donc vous êtes suivi par un conseiller qui vous suit régulièrement pour vous aider dans vos démarches.

- Et donc ?

- He bien… Euh… c’est plus suivi, quoi (oui, on était d’accord, le suivi mensuel, c’était pas ça). Ca dure 3 mois.

- Mais c’est obligatoire ?

- Non, non mais on va vous le reproposer de toute façon. (Traduction : oui c’est obligatoire). Ca vous dit ?

- Ben… si c’est vraiment une aide je veux bien, sinon… je vois pas l’intérêt.

- Voilà, donc je donne votre dossier à l’organisme, vous allez recevoir une convocation rapidement.

- Mais dites moi un peu… c’est un suivi personnalisé, ce n’est pas un travail en groupe ?

- Non non ! c’est vraiment personnalisé, le conseiller vous montre comment faire pour vos démarches. (aaaah c’était pour ça que j’avais pas trouvé de travail en fait… je ne connaissais pas les trucs et astuces !)

- Et sinon j’ai noté là mes dernières démarches, ça vous intéresse ?

- Euh… je vais en faire une photocopie, ça aidera le conseiller. »


Voilà. J’allais partir quand j’entendis au loin une voix dire à quelqu’un « ah ben oui mais là il faut savoir ouvrir son champ de recherche ! ». Je connaissais cette voix. C’était celle de ma conseillère ! Elle était là ! Mais… elle m’évitait ? Que se passait-il ? Que c’était-il donc bien passé durant l’été torride pour qu’elle m’oublie ainsi ? La mort dans l’âme je quittai le lieu de nos tendres rencontres et je rentrai à la maison, le cœur lourd de ces secrets qui avaient entaché notre belle histoire.

La semaine d’après, je reçus une convocation avec ma nouvelle conseillère spécialisée. Mais c’est une autre histoire et il est tard, il faut dormir maintenant.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut dormir maintenant, a 15h35 ...

Pas facile de trouver du boulot si tu te couches a 15h35 ...

Anonyme a dit…

"Il faut dormir maintenant", il est 0h42 et en effet, je pensais aller me coucher juste après avoir lu ton nouvel article. T'es forte quand même, comment as-tu su ???

Sinon, ça m'intéresse cette histoire de suivi un peu plus personnalisé. Je ne connaissais pas. Mais toi, depuis septembre, as-tu pu découvrir par toi-même de quoi il s'agit ?

Sinon, bonne année 2009 :)