dimanche 18 janvier 2009

Le suivi personnalisé, c'est bon, surtout avec des cornichons

Bien dormi ? Allez, vous avez été sages, je vous raconte donc le début de mon suivi personnalisé. Souvenez-vous, c’est le truc que l’on m’avait gentiment proposé pour que je trouve du travail. Rapport au fait que j’en cherchais du travail.

J’avais donc rdv avec un spécialiste, un coach, fort d’une expérience folle et d’un réseau professionnel hyper développé mis à ma disposition afin de me permettre de faire ma difficile entre divers employeurs qui ne manqueraient pas de se disputer ma personne.

Mi octobre, je me dirigeai donc d’un pas alerte vers ma spécialiste, car oui c’était une femme, et j’espérai fort qu’elle aimait Lorie elle aussi. Elle m’accueillit chaleureusement en me demandant mon papier justificatif (ma convocation quoi).

« - Bonjour, je suis Mme X. (non elle ne s’appelait pas Mme X. mais c’est pour pas dire son nom, j’aurais pu mettre Mme Moutarde à la rigueur, mais je ne sais pas si tout le monde aime la moutarde.) (Oui vous allez me dire « et tout le monde aime le X ? » mais je n’entrerai pas dans cette polémique, laissez moi continuer mon histoire un peu.) Je suis psychologue et je suis là pour vous aider dans votre processus de retour à l’emploi. »

Quelle déception ! J’avoue que, forte de moult visionnages d’émissions de M6, je m’attendais à un coach brésilien (MA CHERRRRRRIIIIIIIE, J’ADOOOOOOOOOOOOOOORE) qui m’aurait emmenée chez un super coiffeur-maquilleur-chirurgien esthétique pour mieux faire pleurer ma maman et mon chéri à la fin quand j’entrerai dans la pièce en annonçant « ben oui, c’est moi » avec un petit sourire. La, elle n’était même pas brésilienne, il n’y avait aucun coiffeur-maquilleur à côté, ni de boudoir propice aux confidences et le coach était psy. C’était officiel, j’avais un problème.

« -Euh, bonjour.
- Alors, ensemble, on va travailler, tout d’abord en faisant le point pour que je vous connaisse un peu puis dans un second temps en établissant un plan actif de recherche d’emploi. (ah un plan actif, intéressant, moi mes plans ils étaient pas trop actifs, ils restaient posés là, j’avais effectivement un important travail mental à effectuer.) Vous le savez, le but c’est évidemment d’atteindre le marché caché. Signez-là. »

Quelque peu perplexe je signai le papier et une feuille de présence. J’appris au même moment que nos rencontres allaient rythmer mes trois prochains mois à raison d’une fois par semaine et que nulle absence n’allait être tolérée sinon je me faisais virer de l’ANPE (oui ils étaient toujours aussi attachants, à l’ANPE).

Souriante néanmoins, Mme Moutarde continua son petit speech.

« - Donc vous avez demandé un suivi personnalisé, c’est bien.

-Euh en fait j'ai pas vraiment demandé, mais bon...

- Donc il faut que je vous connaisse, vous êtes d'accord ? L’ANPE ne m’a rien transmis sur vous, vous avez un dossier là-bas ?

- J’espère bien ça va faire 10 mois que j’y suis inscrite.

- Ah ? Je n’ai rien reçu. Vous cherchez du travail dans quoi ?

- La culture, le patrimoine plus précisément.

- Le patrimoine ? C’est-à-dire ? Parce que ça veut pas dire grand-chose ! (ben non c’est bien connu, Velasquez, Versailles ou Dali ça veut pas dire grand-chose mais globalement quand je disais « patrimoine et culture » même ma boulangère comprenait.)

- He bien je travaillais dans un musée, organiser des expositions, tout ça.

- Oh. (Je sentais bien sa déception. Ca faisait toujours ça aux professionnels du domaine de l’emploi, « culture et patrimoine » ça soulève rarement l’enthousiasme, moins que « plomberie » quoi…) Bon et bien… Oui là le but c’est vraiment de savoir s’ouvrir.

- Pardon ? Parce que bon, moi j’aimerai bien continuer dans ce domaine, ça me plait et puis j’ai fait les études pour…

- Oui mais bon, il faut aussi ouvrir les yeux !

- Certes, certes, je suis prête à m’ouvrir à d’autres domaines mais pas vraiment à une complète réorientation.

- Ecoutez moi bien vous êtes là pour retrouver du travail, vous avez signé donc vous vous êtes engagée. (Elle commençait à s’énerver, là, ça tombait bien parce que moi aussi en face.)

- J’ai signé mais à aucun moment pour m’entendre dire de changer de voie, j’ai signé pour avoir un appui, si c’est pas ça dites-le moi tout de suite, parce que là ce n’est pas très clair…

Sentant que le terrain devenait glissant, elle décida en bonne psychologue qu’elle était de désaxer le conflit naissant.

- Quoiqu’il en soit, je vais devoir vous connaître, et c’est le projet de notre prochaine rencontre.

- Très bien.

- Nous allons nous voir la semaine prochaine, vous allez faire quelques tests de personnalité afin que je vous cerne mieux. (oui c’est bien connu pour connaître quelqu’un c’est plus simple de lui faire remplir des tests bidons, discuter avec lui ça prend trop de temps et puis c’est surfait. Ca avait l’air bien comme boulot, psychologue.) Vous viendrez jeudi prochain, prévoyez votre journée entière, vous allez passer des tests en groupe.

- Pardon ? En groupe ? Je croyais que c’était personnalisé ?

- Oui mais on essaye de regrouper les gens en fonction de leurs profils. Vous serez 3 ou 4, normalement. Donc on dit de 9h à 12h puis de 13h à 16h, prenez un stylo.

- Bon… Vous voulez mon CV pour votre dossier ?

- Non, pas la peine pour l’instant, le CV et les offres c’est en phase 2, là on commence la 1. (génial, ça voulait dire que pendant un mois le programme c’était introspection, pas recherche d’emploi). Voilà, n’oubliez pas de prendre un stylo. A la semaine prochaine. »

Voilà. J’avais commencé mon suivi personnalisé. Ca avait l’air super bien, vraiment. Un peu déstabilisant et irritant mais tout à fait dans l’esprit de l’ANPE. Ils faisaient appel à des boîtes spécialisées mais ils avaient réussi à trouver des gens aussi attachants et ouverts qu’eux. J’avais vraiment hâte de faire les tests, après tout j’allais peut-être apprendre des trucs fous sur moi, c’était la première fois qu’un psy s’intéressait à moi, j’allais peut-être découvrir que de caractère asocial tendance sociopathe je devais penser à m’orienter dans le domaine de la garde de personnes âgées ?

Petit avant-goût de la semaine suivante, nous ne fûmes finalement que 2 à passer les tests. En effet, nos profils correspondaient, Roger avait fait l’armée puis des travaux dans l’électricité. Et moi un jour, j’avais appuyé sur un interrupteur, c’est dire si on avait des points communs.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh bien j'ai hâte de lire la suite !

Anonyme a dit…

Ton article est très très drôle (suis morte de rire là), par contre, la situation ne l'est pas du tout ! Une psychologue (genre, si tu ne trouves pas de travail, c'est parce que tu as des problèmes dans ta tête) qui insiste pour que tu changes de filière ?!
Sinon, tu passeras le bonjour à Roger, j'imagine que vous aviez des tas de choses à vous dire !

Anonyme a dit…

Attention a tes allusions sur Mme Moutarde, je connais un M. Moutarde qui pourrait s'en offusquer ... :D